Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Play It Loud !!!! Le rock'n'roll, c'est fait pour la scène...
30 octobre 2017

Car Seat Headrest - Mercredi 22 Mars 2017 - Divan du Monde (Paris)

2017 03 22 Car Seat Headrest Divan du Monde Billet« Premier concert que je fais au Divan du Monde, et mis à part une attente Rue des Martyrs un peu désagréable sous une pluie fine et froide, qui fait paraître le temps très long jusqu'à l'ouverture des portes, tout va pour le mieux ce soir. Une bonne place au premier rang sur la droite, Clément qui doit me rejoindre avec son appareil photo (ce qui laisse espérer du lourd au point de vue photos du set...), le tout dans une petite salle assez décrépite - typique finalement du quartier de Pigalle - mais ne manquant pas de charme, la bonne taille je dirais pour un bon petit concert. Je ne regrette pas le Point Ephémère avec sa scène trop haute qui démonte le cou des spectateurs, où le concert avait été initialement programmé. J'espère beaucoup de ce set de Car Seat Headrest, responsable de l'un des tous meilleurs albums de 2016, mais des années d'expérience m'ont malheureusement prouvé qu'il n'est jamais bon d'avoir trop d'attentes vis à vis d'un groupe ou d'un artiste que l'on voit pour la première fois... d'autant que le buzz à propos de Will Toledo n'est pas positif (un petit connard arrogant et pas sympathique, pour résumer...).

2017 03 22 Traams Divan du Monde (9)20h05 : Je n’ai encore jamais entendu parler de TRAAMS (trois jeunes anglais qui font du bruit, qui viennent de la côte Sud, près de Brighton – renseignement précieux que j’arracherai au chanteur plus tard au stand de merchandising), mais cela ne va pas durer. Parce que TRAAMS, c’est exactement ma tasse de thé : ça débute dans des larsens et un vacarme de guitare furieux qui semble annoncer un trio post-Nirvana, puis surprise surprise, la musique éclot comme une fleur de “Math Rock” arrosée par un jet de Wedding Present ou de Feelies. Bref, du bruit bien rythmé, bien frénétique, des morceaux totalement hypnotiques, qui s’éternisent pour notre plus grand plaisir – enfin le plus grand plaisir de tous ceux qui comme moi, comme Clem ou comme bien d’autres au premier rang, adorent se laisser balloter dans une sorte de lessiveuse remplie de cailloux pointus. Le bassiste est impressionnant d’aisance, et construit les mélodies sinueuses qu’il faut par-dessus le mitraillage inhumain d’un batteur ultra-concentré, ultra-efficace, tandis que le chanteur braille de temps en temps, mais se laisse surtout emporter par des solos distordus et épileptiques. Oui, cette musique est à la fois radicale et magnifique, dans une sorte de grand écart improbable entre Blood Red Shoes, le post punk anglais d’un côté, et le rock bruitiste new-yorkais de l’autre (Pavement, Sonic Youth…). Mais assez de références – juste empilées ici pour vous faire comprendre un peu de quoi il retourne – TRAAMS joueront près de 40 minutes. 40 minutes de plaisir, en fait les seules de la soirée, mais ça c’est une autre histoire…

2017 03 22 Car Seat Headrest Divan du Monde (4)21h05, après un rapide changement de matériel, une quinzaine de minutes montre en main, Will Toledo est sur scène avec les trois musiciens qui composent – ce soir au moins – la version “live” de Car Seat Headrest : je n’ai aucune idée si ce sont des accompagnateurs permanents de Will, puisqu’il est de notoriété publique que Car Seat Headrest est un projet personnel de Will… Il y a donc un second guitariste, très expansif, auquel Will semble déléguer tout le spectaculaire du set, et une section rythmique efficace mais assez standard (on est loin en tout cas du spectacle offert par le batteur et le bassiste de TRAAMS…). Bon, Will est comme prévu très juvénile, la petite vingtaine (alors que le bougre fait de la musique depuis au moins sept ans et a déjà publié une douzaine d’albums !), et, avec ses grosses lunettes et sa chevelure abondante, il a une posture que je qualifierais sans crainte de ”à mi-chemin entre Gaston Lagaffe et le Grand Duduche”, pour ceux qui se souviennent du héros slacker de Cabu. Le problème est que, malgré ce look de geek lunettard plutôt sympa a priori, le mec est en effet complètement indifférent vis-à-vis de son public. Et met dans son chant et dans sa guitare aussi peu de sincérité et d’expression que possible !

2017 03 22 Car Seat Headrest Divan du Monde (12)On a attaqué par l’irrésistible Fill the Blank, qu’on a forcément tous envie de chanter avec Will – et ce d’autant que la voix étonnante est bien là, comme sur le disque – mais quelque chose nous empêche de décoller. Pourtant le son est bon, à la fois fort et clair, le groupe tape dur, le second guitariste fait comme s’il était lui la star de la soirée, et les morceaux du fantastique ”Teens of Denial” s’enchaînent… mais je n’arrive pas à me passionner complétement pour ce que j’entends.

On change de registre avec une reprise assez morne, chantée par le guitariste, du Motorway to Roswell des Pixies, mais c’est peine perdue : je ne rentre pas dans la musique. A côté de moi, un petit couple de super fans a l’air de bien s’amuser, mais je repère aussi l’ami Robert qui semble assez circonspect lui aussi, son appareil à la main. Je réalise que le problème vient réellement de l’attitude totalement neutre de Will, qui pourrait être en train de faire ses courses au Wal*Mart du coin (de chez lui) qu’il ne paraîtrait pas beaucoup plus intéressé. Pour compenser, le batteur, qui a l’air sympa comme tout, nous fait la conversation : clairement, c’est à lui que Will a aussi délégué la communication avec le public !

Il me faut attendre un bon trois quarts d’heure pour qu’une chanson me fasse enfin brailler sans retenue, c’est la remarquable Drunk Drivers / Killer Whales, une pure merveille qui survit même au traitement scénique frigide qui lui est réservé. Une heure cinq de set, et c’est le break avant le rappel : avec douze albums sous la ceinture, on aurait pu attendre un peu plus de générosité, mais clairement la générosité n’est pas une qualité de Will…

Heureusement, Will revient en solo pour un morceau que je ne connais pas (a priori une reprise de Frank Ocean) qui lui permet enfin de s’ouvrir, d’exprimer un peu quelque chose. Et on termine avec la fantastique Connect the Dots, une chanson qui aurait mérité d’être en tête de tous les hit parades rock de la planète, mais pas non plus dans une version inoubliable. Ça se termine quand même par une citation heavy du Gloria des Them, qui montre que Will, à défaut d’être aimable, a une bonne culture.

2017 03 22 Car Seat Headrest Divan du Monde (45)Grosse déception donc pour moi que ce concert joué sans tripes, sans cœur, par un jeune homme qui est pourtant à mon sens l’un des musiciens les plus doués apparus au cours de ces dernières années. Autour de moi, je perçois que le buzz général n’est pas formidablement enthousiaste non plus. Mieux vaut aller saluer les Anglais de TRAAMS au merch, ils auront été la lumière de la soirée. Tout n’aura donc pas été perdu… »

 

La setlist du concert de Car Seat Headrest :

Fill in the Blank (Teens of Denial – 2016)

Vincent (Teens of Denial – 2016)

Maud Gone (Monomania – 2012)

Destroyed by Hippie Powers (Teens of Denial – 2016)

Motorway to Roswell (Pixies cover)

Sober to Death (Twin Fantasy – 2011)

Unforgiving Girl (She's Not An) (Teens of Denial – 2016)

Drunk Drivers/Killer Whales (Teens of Denial – 2016)

1937 State Park (Teens of Denial – 2016)

Famous Prophets (Minds) (Twin Fantasy – 2011)

Encore:

Ivy (Frank Ocean cover)

Connect the Dots (The Saga of Frank Sinatra) (Teens of Denial – 2016) (With "Gloria" by Them outro)

Publicité
Publicité
Commentaires
Play It Loud !!!! Le rock'n'roll, c'est fait pour la scène...
  • Depuis que j'ai 15 ans, ce qui nous fait un bail, je fréquente les salles de concert de par le monde, au gré de mon lieu de résidence. Il était temps de capturer quelque part tous ces grands et petits moments d'émotion, de rage, de déception, de plaisir...
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité