Play It Loud !!!! Le rock'n'roll, c'est fait pour la scène...

07 novembre 2021

JE Sunde - Samedi 6 Novembre 2021 - Café de la Danse

2021 11 06 JE Sunde Café de la Danse Billet

Plusieurs fois reporté, comme c'est le cas pour de nombreux artistes évidemment, le concert de J.E. Sunde à Paris pour le lancement de son album Nine songs about love 9 songs about love a enfin lieu ce soir au Café de la Danse, mais n'est malheureusement pas complet, malgré les critiques louangeuses reçues un peu partout. Du coup le public est confortablement assis - et ne se lèvera pas - ce qui confère une ambiance à la soirée plus recueillie que chaleureuse. Ambiance un peu troublée par une photographe agitée et pas très pro qui irritera tout le monde et se fera rappeler à l'ordre.

2021 11 06 Corentin Ollivier Café de la Danse (7)

20h05 : on commence avec Corentin Ollivier, jeune artiste originaire d’Angers, qui a fait auparavant du rock en groupe et de l’électro en solo, et qui se présente désormais seul sur scène avec sa vieille guitare qui se désaccorde (c'est lui qui l’affirme !). Il nous propose des chansons folk classiques qui ne retiennent pas particulièrement l'attention, malheureusement. Il nous annonce même une reprise – improbable ? - de LCD Soundsystem, mais que nous n’arriverons pas à réconcilier avec ce que nous connaissons du groupe, et finalement, qui ne tranche pas par rapport au reste des chansons. Peut-être devrait il composer et chanter en français pour pouvoir nous offrir quelque chose d'un peu plus original...? 40 minutes qui nous ont paru bien longues.

21h : J.E. Sunde est là avec deux musiciens - un bassiste et un batteur - pour étoffer sa musique, qui, elle, au contraire de la première partie, pourrait s'en passer. Car la voix de Jon est totalement étonnante, presque féminine parfois et incroyablement... "acide" en même temps. Parfaite pour chanter de la country traditionnelle en fait, même si, à deux ou trois exceptions près, ce n'est pas de la country de Jon compose, mais plutôt un folk rock soyeux, régulièrement nourri de mélodies facilement mémorisables.

2021 11 06 JE Sunde Café de la Danse (11)

Le set de 1h10, rappel de deux titres compris, abordera différents styles et différentes ambiances. On passera avec aisance de l'acoustique à l'électrique, et de la dérision légère dans la description sociale à l'émotion discrète. Pas d'excès de pathos ni de démonstration de virtuosité, on est dans une musique élégante, ancrée dans l'Amérique profonde (Jon vient du Wisconsin), mais ouverte à la lumière du monde. Le seul moment d’émotion véritablement intense, qui sera d’ailleurs suivi d’une très longue ovation générale, sera le délicat et poignant I Don’t Care To Dance, en solo acoustique : un morceau qui amène aussi sûrement les larmes aux yeux qu’une chanson de Nick Drake, auquel on compare parfois Jon (un peu abusivement à notre avis…), et qui constituera indiscutablement le sommet de la soirée.

Même si l’on aimerait beaucoup que Jon persiste dans cette veine « à haut degré d’émotion », il a choisi clairement d’interpréter ses chansons en format beaucoup plus énergique, rock’n’roll si l’on veut, ce que nous serions bien en peine de lui reprocher (même si, du coup, le concert aurait certainement mieux fonctionné avec un public debout !) : comme il le chante clairement sur Clover : « You say God died a long time ago / I guess I’ll try and find salvation then in rock'n'roll »… C’est bien ce qu’on fait tous, Jon !

2021 11 06 JE Sunde Café de la Danse (16)

A la fin, Jon remerciera longuement et chaleureusement les équipes françaises du label et de la production qui ont rendu possible ce concert. Et, en ces temps difficiles où, comme Jon l’a expliqué en présentant sa chanson We Live Each Other's Dreams, un artiste est régulièrement envieux devant ses amis qui ont un boulot leur permettant de nourrir leur famille, il y a quelque chose d'émouvant et d'admirable aussi quand on pense à tous ces gens, même séparés par un océan, qui se battent pour que la musique et l'Art en général continuent à exister.

Une remarque, nous utilisons dans cette chronique le prénom de « Jon » pour Sunde, pour respecter les instructions qu’il a lui-même données, non sans humour ! « Je m’appelle Jon, J.E., c’est juste pour faire le malin sur les pochettes de disques ! ». Car ce mélange d’humanité et de modestie est peut-être bien l’une des plus belles caractéristiques de ce compositeur et interprète de talent.

Dernière partie du set bien énergique comme on aime, avant un rappel qui se termine en solo acoustique sur une nouvelle chanson inspirée par la thérapie de Jon : Blind Curve est une allégorie sur la foi que nous devons avoir quant à notre trajectoire au moment d’aborder un virage sans aucune visibilité. Une conclusion parfaite à une soirée musicale stimulante et parfois très touchante.

 

La setlist du concert de Corentin Olliver

Everything You Thought Would Last (Into Pieces – 2021)

An Ear and a Shoulder (Into Pieces – 2021)

Skin to Skin (new song)

Heal (Into Pieces – 2021)

Reasons to Admit (Into Pieces – 2021)

Someone Great (LCD Soundsystem Cover)

Forever After (Into Pieces – 2021)

Exhale (Into Pieces – 2021)

I Shot An Arrow (Into Pieces – 2021)

 

2021 11 06 JE Sunde Café de la Danse (10)

Les musiciens de J.E. Sunde sur scène :

J.E. Sunde – voix, guitare acoustique, guitare électrique

Andrew - basse

Shane - batterie

 

La setlist du concert de J.E. Sunde :

You Can't Unring a Bell (Shapes That Kiss the Lips of God - 2014)

Love Gone To Seed (9 Songs about Love – 2021)

Clover (9 Songs about Love – 2021)

Sunset Strip (9 Songs about Love – 2021)

I Love You, You’re My Friend (9 Songs about Love – 2021)

Thorns and Roses (Now I Feel Adored – 2017)

Love Leaves a Mark (9 Songs about Love – 2021)

We Live Each Other's Dreams (9 Songs about Love – 2021)

I Don’t Care to Dance (9 Songs about Love – 2021)

Easy Kid (Shapes That Kiss the Lips of God - 2014)

Glory, Gloria (new song)

Risk (9 Songs about Love – 2021)

Wedding Ring (Now I Feel Adored – 2017)

Encore:

A Blinding Flash of Light (Shapes That Kiss the Lips of God - 2014)

Blind Curve (new song)

Ce Live Report a déjà été au moins partiellement publié à l'époque du concert sur les blogs : manitasdeplata.net et benzinemag.net

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06 novembre 2021

Damon Albarn et Joan As Police Woman - Vendredi 5 Novembre 2021 - Gaîté Lyrique (Paris)

2021 11 05 Damon Albarn Gaîté Lyrique Billet

Seconde soirée du Festival Arte et on attend de savoir, en pénétrant dans la Gaîté Lyrique à quelle sauce on sera mangé. A l'entrée, on nous prévient déjà : il faudra vous déplacer autour de la scène car Damon va bouger. Bon, on se prépare au pire, et c'est vrai que, au premier regard, la scène ressemble à un cauchemar, encombrée qu'elle est de pianos, de claviers et de matériel. Choisis ton camp, camarade, mais en sachant que, comme hier, tu ne pourras pas tout voir !

2021 11 05 Joan As Police Woman Gaîté Lyrique (9)

21h00 : Joan Wasser (aka Joan as Police Woman) s'installe à l'un des pianos et attaque un extrait de The Barbarian, le titre phare – de 12 minutes à l’origine - de son nouvel album, The Solution Is Restless sorti le jour même : le regretté Tony Allen passe sur une petite télé à côté de Joan et on entend ses beats intégrés dans la musique. Un silence presque religieux règnera dans la salle, pourtant déjà bien remplie, pour accueillir les morceaux, tous très intimistes, que Joan a choisi de nous interpréter ce soir, au piano ou à la guitare électrique. Elle nous explique que ce concert est le premier qu'elle donne depuis 2 ans, et il est vrai qu’elle semble parfois un peu nerveuse, malgré la bienveillance du public. Elle nous offrira une très belle interprétation éthérée de Geometry of You, encore une fois avec Tony à l'écran, avec un drone au violon et avec le piano-voix mesuré de Joan. Avant de chanter Real Life, un morceau tiré de son tout premier album datant de 15 ans, Joan remercie très élégamment PIAS pour leur support, ce qui est quand même très classe : on sait combien Joan est sensible à l’importance politique et sociale de l’Art et combien l’économie fragile des différents acteurs dans la Musique la préoccupe. Pour Get My Bearings, Damon vient la rejoindre sous les applaudissements, pour l'accompagner à un second piano. On regrettera toutefois que la configuration de la scène empêche les ¾ du public de voir Joan pendant son set… 35 minutes d'un set très beau, mais qui nous donne surtout envie de la revoir dès que possible accompagnée de son groupe !

2021 11 05 Damon Albarn Gaîté Lyrique (2)

22h05 : La scène est un peu plus dégagée après que le piano et le matériel de Joan aient été enlevés, mais on reste dans une configuration où seuls deux côtés du carré permettent au public de voir les musiciens, ce qui n’est pas optimal. Damon Albarn arrive – ou revient, si l’on considère son apparition avec Joan – enfin : ses fans - souvent féminines il faut l’admettre, ce qui prouve que, même si on est loin des années Blur, il y a des choses qui ne changent pas – exultent ! Damon, la cinquantaine toujours juvénile, arbore un look décontracté, à la limite du « père de famille en mode relax le week-end à la maison ». Il a quand même revêtu un beau sweat-shirt portant le mot « Bonjour », qu’il confiera plus tard, soigneusement, à son garde du corps qui veille précieusement sur lui tout au long du concert au pied des marches, prêt à bondir en cas de menace (on imagine que Liam Gallagher pourrait s’être glissé subrepticement dans la foule, par exemple !).

Il est accompagné de 4 musiciens : un batteur virtuose qui ressemble à Jeff Bezos lassé de se balader dans l’espace, un guitariste qui restera assis tout le set avec l’air d’être à deux doigts du suicide, un pianiste / saxophoniste brillant et jovial (tellement près de nous, au bord de la scène, que nous pourrons échanger des plaisanteries au long du set), et un spectaculaire bassiste black. Il sera aussi supporté sur quelques morceaux par un quatuor à cordes, installé sur une seconde scène près de l'entrée de la salle...

2021 11 05 Damon Albarn Gaîté Lyrique (14)

L’introduction de The Nearer the Fountain, More Pure the Stream Flows, l’un des quelques titres déjà paru du nouvel album « islandais » de Damon donne le ton de la soirée : calme, introspection, élégance, cool… Damon est au piano, concentré, et on peut craindre un moment que le set ne devienne légèrement… euh… ennuyeux. Il faut attendre Royal Morning Blue pour qu’Albarn, enfin debout, lance vraiment la soirée: généreux, notre homme va se promener tout autour de la scène, pour se rapprocher de son public, et particulièrement des belles femmes autour de lui, auxquelles il n’hésitera pas à prendre la main d’un air charmeur (eh oui, séducteur un jour, séducteur toujours, ce bon vieil Albarn !).

La setlist sera largement consacrée, donc, au nouvel album, qui n’est pas encore sorti, ce qui est évidemment plus difficile pour le public, prié de se concentrer pour découvrir les nouveaux morceaux, mais nous récompensera quand même par des extraits du back catalogue de Damon, de Blur (eh oui !) à The Good, The Bad & The Queen en passant – heureusement – par Gorillaz. Il y aura aussi une belle reprise du vivifiant Go Back de Tony Allen, auquel Damon rend hommage en nous racontant que lorsqu’il l’a vu sur l’enregistrement de Joan, il a senti qu’il lui parlait encore de l’au-delà…

The Tower of Montevideo permet à notre copain saxophoniste de nous en mettre plein la vue sur une musique qui chaloupe plutôt à la manière cubaine qu’uruguayenne (mais là, on pinaille !). Européen convaincu, Albarn déplore la disparition des « Petits Filous » des supermarchés, un laitage essentiel pour la lunch box des écoliers anglais : bon, on ne va parler des hauteurs de sa pensée politique, mais merci pour l’hommage à l’industrie laitière française, Damon !

On Melancholy Hill, le hit single de Gorillaz,nous met tous franchement de bonne humeur avec sa mélancolie joueuse, et sera suivi de la splendide nouvelle chanson Polaris – belle mélodie et décollages enthousiasmants – qui sera peut-être l’un des moments les plus réussis de la soirée. La conclusion du set sur un This Is a Low, datant du sommet pop de Blur, Parklife, s’avère un bon choix, puisqu’il nous permet de reprendre le refrain en chœur, mais aussi parce qu’il démontre qu’entre tous les groupes montés par Albarn, entre toutes les phases musicales de sa carrière, il a su garder une véritable cohérence.

Malgré les appels insistants des fans après 1h20 de concert, Damon ne reviendra pas (même si l’on pouvait l’espérer, sachant son goût pour les marathons scéniques, depuis le fameux concert danois où la sécurité avait dû l’expulser après plus de quatre heures de show !). Un petit set acoustique privé, loin des caméras et des grues envahissantes d’Arte, ne nous aurait pourtant pas fait de mal, Damon !

2021 11 05 Joan As Police Woman Gaîté Lyrique (10)

La setlist du concert de Joan As Police Woman :

The Barbarian (The Solution is Restless – 2021)

Out of Time (Blur cover)

The Ride (Real Life – 2006)

Geometry of You (The Solution is Restless – 2021)

Tell Me (Damned Devotion – 2018)

Real Life (Real Life – 2006)

Get My Bearings (The Solution is Restless – 2021)

The Magic (The Deep Field -2011)

 

2021 11 05 Damon Albarn Gaîté Lyrique (28)

La setlist du concert de Damon Albarn :

The Nearer the Fountain, More Pure the Stream Flows (new song)

The Cormorant (new song)

Royal Morning Blue (new song)

Lonely Press Play (Everyday Robots – 2014)

Go Back (Tony Allen cover)

The Tower of Montevideo (new song)

The Poison Tree (The Good, The Bad & The Queen – Merrie Land - 2018)

Hong Kong (Gorillaz – D-Sides - 2007)

Daft Wader (new song)

Out of Time (Blur song)

El Mañana (Gorillaz – Demon Days - 2005)

Darkness to Light (new song)

On Melancholy Hill (Gorillaz – Plastic Beach - 2010)

Polaris (new song)

Particles (new song)

This Is a Low (Blur – Parklife - 1994)

Ce Live Report a déjà été au moins partiellement publié à l'époque du concert sur les blogs : manitasdeplata.net et benzinemag.net

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05 novembre 2021

Shame et Nova Twins - Jeudi 4 Novembre 2021 - Gaîté Lyrique (Paris)

2021 11 04 Shame Gaîté Lyrique Billet

Le festival Arte n'est pas un évènement ordinaire, tout au moins en termes de "logistique" pour les spectateurs qui aiment être au premier rang lors des concerts. La prudence nous commande d'éviter la première, première partie (C’est Karma, dont on nous a dit a posteriori beaucoup de bien…) qui a lieu dans une petite salle, pour aller directement s'installer dans la grande salle du deuxième étage de la Gaîté Lyrique pour le set de Nova Twins... Nous découvrons avec surprise une scène carrée installée inhabituellement au centre de la grande salle, qui plus est avec un sol de verre qui permet un éclairage par en dessous. Deux caméras-grues sont placées de part et d'autres (ce qui aurait d'ailleurs dû nous mettre la puce à l'oreille pour la suite)...

2021 11 04 Nova Twins Gaîté Lyrique (8)

21h : Le duo londonien qui monte (en fait un trio sur scène, puisque les filles sont soutenues par un batteur, à la frappe puissante !), Nova Twins, étiqueté grime / punk, déboule dans un déluge de lumière et se lance dans son set avec une énergie étourdissante. On en prend plein les yeux et plein les oreilles, et ça ne va pas baisser de rythme pendant 35 minutes, chacune d’elle jouée à fond ! Avec leur look DIY moderne et leur énergie joyeuse, les filles dégageant une sympathie immédiate : la chanteuse Amy Love n’arrête pas de répéter qu’elle aime Paris parce que Nova Twins y a été reconnu plus tôt… Bon, on imagine qu’elle dit ça tous les soirs, mais elle paraissait quand même sincère, et faisait sans doute référence à leur passage aux Transmusicales de Rennes voilà 5 ans qui avait en effet fait une petite sensation ! Pour imaginer leur musique, le mieux est de parler de vocaux hip hop sur un hardcore millésimé années 90, mais minimaliste et infusé d’électronique, le genre… Amy organisera rapidement un moshpit devant la scène pour que les spectateurs s’en donnent à cœur joie, et on remarque que la charge est largement conduite par des filles, ce qui fait sacrément plaisir. Elles jouent une bonne partie des titres de leur premier album, sans oublier le morceau qui les a révélées, Bassline Bitch, et tout le monde est content.

A partir du moment où les filles quittent la scène… c'est un peu la panique : tout leur matériel est dégagé pour installer celui de Shame, mais d'une manière très particulière : la batterie est au centre et un musicien sera posicionné à chaque coin de la scène carrée, tournant le dos au public et avec ses amplis derrière lui. Où se placer ? La décision n'est pas facile à prendre, la seule chose évidente est qu'il sera de toute manière impossible de bien voir tous les musiciens où que l'on soit. Et puis il y a l'inquiétude de la qualité sonore, vu l'absence d'une sono susceptible d'équilibrer le son des amplis les plus proches. Bref, une idée intéressante qui donne une très belle esthétique à la scène ainsi organisée, et on imagine bien que pour Arte, qui filme et diffuse les concerts, c’est un point très important de différenciation, mais dont la commodité pour les spectateurs présents dans la salle est pour le moins discutable !

2021 11 04 Shame Gaîté Lyrique (6)

Il est déjà 22h25 quand les 5 musiciens de shame montent sur scène, avec une dizaine de minutes de retard sur l’horaire initialement prévu. Ils sont joliment vêtus de smokings (portant l’étiquette Zara, nous le constaterons plus tard quand les vestes – et certaines chemises – auront été dispersées sur le sol !), nœuds papillons, et ils ont chacun un verre à la main, de champagne ou de jus d’orange. Cool ! Mais une nouvelle surprise nous attend quand chacun s’installe à sa place (Charlie Steen s'allonge même sur le sol !) et se met à attendre… buvant et souriant, mais sans rien faire ! Attendant quoi ? Nous ne le saurons pas, mais ça durera une dizaine de minutes avant que le set commence… C’est assez drôle, ou en tout cas très, très inhabituel, mais quand même un peu irritant à la longue. S’agissait-il d’un problème de retransmission ?

2021 11 04 Shame Gaîté Lyrique (33)

Et puis, enfin, le concert commence… et les lads de Londres nous assènent d’emblée deux brûlots (Alphabet, 6/1) de leur excellent second album, Drunk Tank Pink, confirmant en même temps 1) que leur excellente réputation scénique est justifiée 2) que leur musique évolue – sans perdre son urgence punk – vers des terrains plus ambitieux, dissonants, dérangeants parfois. Et c’est une très bonne nouvelle !

Sur scène, Charlie est au contact permanent avec la foule, passant malheureusement la majorité de son temps sur « un côté du carré », et frustrant donc les trois autres, tandis que Sean et Eddie sont concentrés sur leur jeu de guitare, et que Josh, le joyeux bassiste très extraverti – donc explosant le vieux code du bassiste de Rock taciturne – fait une grande partie du spectacle à lui tout seul : courses effrénées, sauts spectaculaires, voilà un tout jeune homme qui ne ménage pas sa peine !

2021 11 04 Shame Gaîté Lyrique (27)

Le son est, comme nous pouvions le craindre, assez moyen, et varie en fonction de là où vous êtes placé autour de la scène, la voix de Charlie étant dans certains endroits peu audible. Mais cela n’a pas l’air de diminuer l’enthousiasme débordant du public qui fête le groupe : les gens braillent les paroles en chœur, ça slamme, ça saute partout, c’est la bonne ambiance punk… même s’il faut reconnaître que la musique que joue actuellement shame est plus anxiogène que festive ! Bien évidemment, les titres du premier album, plus traditionnellement post punk, et en particulier Concrete (très « clashien » pour le coup…), Dust on Trial et le formidable One Rizla (« And you're clinging to conflict / Just let go », braillons-nous tous avec Charlie !) en quasi final, sont ceux qui déchaînent le plus les passions. Charlie répond chaleureusement à l’amour de son public en regrettant de n’avoir pas pu jouer en France depuis deux ans, et en répétant combien il aime « l’Europe » (on connaît la position anti-Brexit du groupe, mais on ne peut guère s’empêcher de remarquer que, comme la grande majorité des Anglais, il utilise le mot « Europe » pour qualifier ce territoire qui commence au-delà de la Manche !).

Au bout d’une heure, il est temps de boucler le set – non sans avoir promis de revenir au Bataclan, pour plus de chansons en avril prochain – et Charlie monte sur la coursive où un micro a été installé pour lui, pour chanter l’impressionnant Station Wagon, conclusion du second album et donc conclusion de la soirée…

… une soirée qui aura confirmé, malgré les « complications » de la mise en scène télévisuelle, la valeur de shame, qui pourrait bien prétendre à prendre la place de Idles sur le podium du post-punk anglais. A confirmer donc le 1er avril prochain dans notre cher Bataclan, là où naissent les légendes…

 

2021 11 04 Nova Twins Gaîté Lyrique (12)

Les musiciens de Nova Twins sur scène :

Amy Love – lead vocals, guitar

Georgia South – bass guitar, backing vocals

??? - drums

 

La setlist du concert de Nova Twins :

Intro Who Are the Girls

Devil's Face (Who Are the Girls – 2020)

Vortex (Who Are the Girls – 2020)

Play Fair (Who Are the Girls – 2020)

Wave (Nova Twins EP – 2016)

Antagonist

Bassline B*tch (Nova Twins EP – 2016)

Taxi (Who Are the Girls – 2020)

Undertaker (Who Are the Girls – 2020)

 

Les musiciens de Shame sur scène :

Charlie Steen – chant

Sean Coyle-Smith – guitare

Eddie Green – guitare

Josh Finerty – basse

Charlie Forbes – batterie

 

2021 11 04 Shame Gaîté Lyrique (44)

La setlist du concert de Shame :

Alphabet (Drunk Tank Pink – 2021)

6/1 (Drunk Tank Pink – 2021)

Concrete (Songs of Praise – 2018)

This Side of the Sun (Live Debut)

The Lick (Songs of Praise – 2018)

Nigel Hitter (Drunk Tank Pink – 2021)

Tasteless (Songs of Praise – 2018)

Born in Luton (Drunk Tank Pink – 2021)

March Day (Drunk Tank Pink – 2021)

Dust on Trial (Songs of Praise – 2018)

Harsh Degrees (Drunk Tank Pink – 2021)

Angie (Songs of Praise – 2018)

Water in the Well (Drunk Tank Pink – 2021)

Snow Day (Drunk Tank Pink – 2021)

One Rizla (Songs of Praise – 2018)

Station Wagon (Drunk Tank Pink – 2021)

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31 octobre 2021

Elliott Murphy - Samedi 30 Octobre 2021 - New Morning (Paris)

2021 10 30 Elliott Murphy New Morning Billet

Le concert rituel d'anniversaire d'Elliott Murphy au New Morning, prévu le 13 mars 2020, avait été l'un des premiers annulés lors du déclenchement du confinement. Cela fait donc 14 mois de report pour cette rencontre que nombre de fans attendent comme une fête toute particulière, célébrant leur fidélité à un artiste qui leur est cher. « Perdant magnifique », Elliott, l’ex-star en devenir, l’ami du Boss et le protégé (si l’on peut utiliser le terme avec Lou) de Lou Reed, exilé à Paris, a réussi à prouver que son idole, F. Scott Fitzgerald avait tort quand il a affirmé : « Il n’y a pas de seconde chance dans la vie des Américains ». Elliott n’a pas un public de millions de personnes, juste quelques milliers, mais leur amour est immense, et ces concerts au New Morning sont aussi l’occasion pour lui de vérifier que nous sommes toujours là. Un peu plus vieux, comme lui, à chaque fois, mais toujours là.

2021 10 30 Elliott Murphy New Morning (9)

Alors, à 21h, quand Elliott monte seul sur scène, il ne commence pas à jouer, mais il nous explique - avec son humour habituel - qu'il a oublié pas mal de choses pendant cette interruption après 50 ans de tournées, comme le fait qu'il faut brancher sa guitare avant de jouer, que devant lui c'est un microphone et pas un micro-ondes... mais ce qu'il n'a pas oublié en 14 mois c'est… Nous (Elliott parle de 14 mois d'interruption seulement parce qu'il avait pu faire quelques dates en septembre 2020) ! Émotion perceptible dans la salle et sur scène. Et on attaque avec Change will Come, en solo, et la vieille magie est là, intacte.

On est partis pour deux heures quarante de concert, avec quand même une pause de 15 minutes entre l'intro en format solo, puis duo (avec Olivier), puis trio (avec Melissa), et le set principal en formation groupe complet, soit 7 voire 8 personnes sur scène (et même 11 quand, sur Come On Louann, Elliott fait monter sur scène trois fans qu’il connaît personnellement) ! A l’équipe habituelle des fidèles constitués par Alan Fatras à la batterie, Olivier Durand à la guitare et Melissa Cox au violon, viennent s’ajouter un claviériste et un bassiste, mais aussi le fiston Gaspard – qui ressemble d’ailleurs de plus en plus à son père – devenu guitar hero émérite et qui nous régalera d’une paire de soli flamboyants qui lui vaudront des applaudissements mérités. Cerise sur le gâteau, la brillante Natalia M. King, autre exilée américaine installée en France, vient chanter sur plusieurs titres, et en premier lieu sur une brillante reprise en duo avec Elliott du Pink Houses de John Mellencamp !

2021 10 30 Elliott Murphy New Morning (7)

Comme toujours, la setlist traverse toute la longue discographie d’Elliott, avec à peine un peu plus d’insistance sur les albums fondateurs du début des 70’s : fondamentalement, même s’il y a toujours un léger soupçon de nostalgie quand on entend à nouveau sur scène une pépite comme You Never Know What You're In For, Murphy continue à regarder droit devant, et à nous parler, au moins en musique, de notre vie actuelle : son virulent – et jouissif - What the Fuck Is Going On brocarde les banquiers qui mène le monde au chaos d’une manière incompréhensible ; son tout dernier titre, Hope, qui sera l’un des sommets de la soirée d’ailleurs, parle de l’angoisse qui nous a tous saisis lors du premier confinement, et de la nécessité de garder l’espoir – comme sa femme Françoise l’y encourageait – à travers les heures sombres que nous vivons. Ce qui ne veut pas dire, on le sait tous, qu’Elliott n’aime pas raconter des histoires de son passé, comme lorsque ce soir il évoque Lou Reed (auquel il dédie Deco Dance) et son fameux (et tellement arrogant...) : « My Week Beats Your Year ! ».

S’il y a une chose qui n’a pas changé depuis 14 mois, c’est bien la fulgurance de la guitare d’Olivier, qui nous gratifie très tôt d’un premier beau solo sur Drive All Night, cassera une corde plus tard et la remplacera en plein milieu d’un morceau, et illuminera finalement – sans surprise, mais qui a besoin de surprise quand c’est si beau ? – A Touch of Kindness.

Ce set généreux se terminera sur un rappel additionnel non prévu (Euro-Tour, énergique !), mais surtout sur une vraie déclaration d’Elliott à son public : avec un peu moins de plaisanteries que d’habitude, donc un peu moins de volonté de masquer ses sentiments, Elliott nous a rappelé qu’il nous regardait, aussi, nous. Avec les lumières allumées dans la salle. Et qu’il nous connaissait. Et peut-être qu’il nous aimait autant que nous l’aimons.

2021 10 30 Elliott Murphy New Morning (29)

La setlist du concert d’Elliott Murphy:

Pre-set

Change Will Come (Solo) (Affairs – 1980)

Drive All Night (Duo) (Just a Story from America – 1977)

Made in Freud (Beauregard – 1998)

Take That Devil Out Of Me (Elliott Murphy – 2010)

Deco Dance (Night Lights – 1976)

Just a Story From America (Just a Story from America – 1977)

Main set

I Want to Talk to You (La Terre Commune – 2001)

What the Fuck Is Going On (Ricochet – 2019)

Fix Me a Coffee (Soul Surfing – 2002)

Chelsea Boots (Prodigal Son – 2017)

Alone in My Chair (Prodigal Son – 2017)

You Never Know What You're In For (Night Lights – 1976)

On Elvis Presley's Birthday (12 – 1990)

Pink Houses (John Mellencamp cover) (with Natalia M. King)

A Touch of Kindness (Coming Home Again – 2007)

Last Of The Rock Stars (Aquashow – 1973)

Encore:

Hope (with Natalia M. King) (Joined by his wife Françoise on stage)

Better Days (Bruce Springsteen cover) (with Natalia M. King) (Ricochet – 2019)

Rock Ballad (with Natalia M. King) (Just a Story from America – 1977)

Come On Louann (Soul Surfing – 2002)

Encore 2:

Euro-Tour (Affairs – 1980)

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30 octobre 2021

And Also The Trees - Vendredi 29 Octobre 2021 - Maroquinerie (Paris)

2021 10 29 And Also the Trees Maroquinerie Billet

Voilà 40 ans - 41 même, comme le rappellera Simon Jones à un spectateur qui hurlait "Happy 40 !" au milieu du set - que And Also The Trees existe, cantonné dans les limbes de cette fameuse cold wave rebaptisée depuis post punk. Un groupe qui a rencontré un beau succès d'estime (mais pas que…) sur le continent et a été largement ignoré en Grande-Bretagne (confirmant le vieil adage que nul n’est prophète en son pays !). Cette tournée est donc celle de la célébration, même si ce qu'on fête c'est, comme le dit Simon avec de la surprise dans la voix, peut-être surtout le fait de toujours être là. Eux sur scène et nous dans la salle.

Et on fête aussi nos vraies retrouvailles avec notre chère Maro, réouverte depuis quelques jours seulement, et toute pimpante après des travaux de ravalement. Et comme il n'y a pas ce soir de première partie, on a tout le temps de boire un verre entre amis. La bonne vie quoi !

2021 10 29 And Also the Trees Maroquinerie (14)

21h : Justin Jones est seul sur scène avec sa guitare et ses pédales, et il construit patiemment l'entrée en matière de la soirée. Jusqu'à ce que le frangin Simon rentre sur scène comme un spectre lugubre et se mette à psalmodier, bientôt rejoint par la clarinette de Colin Ozanne. En 15 minutes qui requièrent toute notre attention, l'ambiance est posée : calme, beauté, introspection presque. Le concert peut vraiment commencer, et Vincent Crane, extrait de l’album sans doute le plus populaire – au moins en France – du groupe, Virus Meadow, permet à tout le monde de trouver ses marques...

Le concert durera près d'une heure quarante, avec une setlist visitant la quasi-totalité des albums studio du groupe, ce qui nous permettra de revenir en arrière revisiter les années "post", quand - mais c'est finalement peu fréquent, le groupe se met à jouer plus dur, plus tendu : Maps in Her Wrists and Arms, terrible récit de perdition, voit Simon se lâcher un peu (« Sometimes when she lifts her eyes / The room has filled with flowing sheets of silk / There's maps in her wrists and arms / And the morphine surges terror bread and bliss… »). Le public de la Maro, en majorité pas très jeune et sans doute un peu nostalgique, fait évidemment particulièrement honneur à ces morceaux d’autrefois… Une chanson aussi solennelle que The Suffering of the Stream, avec son lyrisme sombre et son amplitude, est un parfait rappel de la splendeur passée de la cold wave, et peut même occasionnellement serrer le cœur.

2021 10 29 And Also the Trees Maroquinerie (12)

Une partie des morceaux de cette rétrospective en forme de best-of se tient sur le versant plus contemporain de And Also The Trees, avec des envolées poétiques parfois hispanisantes comme sur le magnifique Your Guess (« I can't know you / Guess my face my eyes / Your Guess is as good as mine / The weight of your head in my arms »), et avec d'autres fois ce retour à un repli sur des émotions intimes, appuyé sur une très belle clarinette (Boden).

Le public, qui chérit clairement le groupe, est émotionnellement engagé dans chacun des morceaux, tremble, vibre, danse, oscille, encourage Simon dans sa recherche de la beauté. Les succès - quand la musique devient grande - sont accompagnés de cris de joie. Les errements occasionnels par des encouragements chaleureux…

Ce ne sont pas toujours les morceaux les plus connus qui fonctionnent le mieux, et on peut même trouver que le groupe manque parfois d’intensité par rapport aux versions des albums. Simon lui-même, régulièrement assis, accroupi, en retrait, ne livre pas la performance physique qui pourrait porter la musique vers une réelle incandescence, et ce sera peut-être un petit regret qui nous restera à la fin : disons qu’aujourd’hui le groupe privilégie la Beauté par rapport à la Tension. Mais, à la fin, nous aurons droit à notre récompense, avec l’enchainement de trois chansons parfaites, le majestueux Dialogue, l’impérieux So This Is The Silence (assez gothique et pas si loin de Bauhaus, en fait !), et Virus Meadow

2021 10 29 And Also the Trees Maroquinerie (29)

Le rappel sera étendu à trois morceaux en dépit du dépassement de l'horaire prévu – Simon vient demander l’heure à un ami du premier rang ! Avec son intro remarquable à la basse (mais que Grant Gordon a un air à la Peter Hook, quand même !), Prince Rupert met le feu à la Maro : « « Rupert lies on a bed / Where the night bows her head / Stars weave their dreams around him / 'Give me this day'  / Prince Rupert calls. » Même si les paroles de And Also The Trees sont complexes, on voit pas mal de gens les chanter, ce qui est toujours la plus grande preuve d’amour… Mais ce sera Slow Pulse Boy qui conclura donc la soirée : avec son alternance d’explosions (« So we chase the explosions / From horizon to horizon… ») et de retours au calme (« Somewhere a girl is singing / There is calm in the air / But there is greater calm than I can bear / Tomorrow the sun shines »), c’est une conclusion parfaite à cette soirée toute en sombre splendeur.

Gageons que pour les cinquante ans de And Also The Trees, nous serons à nouveau là, présents pour célébrer ce groupe singulier, qui a toujours su progresser en dehors des sentiers battus.

Les musiciens de And Also the Trees :

Simon Huw Jones – vocals

Justin Jones – guitar

Paul Hill – drums

Colin Ozanne - keyboards, clarinet, guitar

Grant Gordon - bass guitar

 

2021 10 29 And Also the Trees Maroquinerie (61)

La setlist du concert de And Also the Trees :

Intro

My Face Is Here in the Wild Fire (Hunter Not the Hunted – 2012)

Vincent Craine (Virus Meadow – 1986)

Shantell (Single – 1983)

Your Guess (Born Into the Waves – 2016)

Maps in Her Wrists and Arms (Virus Meadow – 1986)

The Suffering of the Stream (The Millpond Years - 1988)

Wallpaper Dying (The Secret Sea - 1984)

Rive Droite ((Listen For) The Rag and Bone Man - 2007)

Boden (Born Into the Waves – 2016)

(in a bed in) Yugoslavia

Brother Fear (Angelfish – 1996)

Missing (Angelfish – 1996)

Dialogue (The Klaxon - 1993)

So This Is Silence (And Also the Trees - 1984)

Virus Meadow (Virus Meadow – 1986)

Encore:

Prince Rupert (Farewell to the Shade - 1989)

Bone Carver(s)

Slow Pulse Boy (Virus Meadow – 1986)

Ce Live Report a déjà été au moins partiellement publié à l'époque du concert sur les blogs : manitasdeplata.net et benzinemag.net

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26 octobre 2021

Black Country, New Road - Jeudi 25 Octobre 2021 - Trabendo (Paris)

2021 10 25 Black Country New Road Trabendo Billet

Le Trabendo est sold out depuis un moment pour le premier "vrai" concert à Paris de Black Country, New Road, encore un nouveau petit groupe prodige de la nouvelle scène anglaise, que tout le monde a très envie de voir. Est-ce que ce niveau de frénésie s’explique par l’excellent album paru en début d’année, ou bien par le peu de groupes britanniques réussissant pour le moment à franchir les barrières érigées par le Brexit ? C’est la foire d’empoigne sur le Net pour attraper les dernières places en revente, et tous ceux qui sont au Trabendo ce soir s’estiment heureux d’être là…

2021 10 25 Drug Store Romeos Trabendo (4)

20h15 : Drug Store Romeos jouent de la musique atmosphérique, pleine de délicatesse et de sensibilité. Bon, ils sont trois : elle - Juliette ? - chante d'une voix enfantine et timide derrière son clavier, l'un des Roméos est bassiste et sautille, tandis que l'autre est un batteur vaguement jazzy. De temps en temps, des volutes de beauté s'élèvent, mais se dissipent trop vite. Il y a des moments où les musiciens ne font pas grand-chose sur des sons préenregistrés. Ils échangent quelques instruments, elle finit par jouer de la flûte. Quand elle parle d'une voix douce, elle parle trop bas pour qu'on comprenne ce qu'elle dit, et ça symbolise finalement bien le problème de cette musique : loin d'être déplaisante, elle échoue à communiquer quelque chose. On a du mal à leur en vouloir néanmoins de nous avoir très légèrement ennuyés. A la fin, avant de s'en aller, ils retirent la tulle rose qu'ils avaient installé sur les retours, c'était sans doute important pour eux, mais on ne sait pas pourquoi.

2021 10 25 Black Country New Road Trabendo (7)

21h15 : C’est sur une improbable Danse du Sabre de Khatchatourian que les sept musiciennes et musiciens de Black Country, New Road pénètrent sur scène, en riant et en dansant, et il faut admettre que cette apparition dynamique, sympathique, tranche agréablement avec la morgue habituelle de jeunes groupes anglais, qui ont souvent une grosse tête parce qu’ils sont trop et trop vite célébrés. On a plutôt l’impression d’avoir affaire ici à une bande de copains qui vont s’amuser ensemble ! Et très vite, sans doute par faute d’avoir écouté attentivement leur premier album, le bien nommé For the First Time, on est encore plus surpris par la musique du groupe : festive, avec d’amples tonalités folkloriques (on dirait même avec un peu de slavitude, si on osait), et des dérapages grandiloquents qui évoquent même les excès de Divine Comedy (comme sur le nouveau single, Chaos Space Marine…), cette musique est de fait très éloignée de celle de leurs contemporains comme Black Midi ou Squid… même si elle inclut en effet des moments free jazz elle aussi, comme sur le programmatique Instrumental ! A noter d’ailleurs un petit malin dans la salle qui braille un peu trop régulièrement « White Midi ! White Midi ! » et qui va se faire rembarrer assez vertement par le groupe…

2021 10 25 Black Country New Road Trabendo (3)

La disposition du groupe sur scène est également assez peu conventionnelle, avec Lewis, l’imposant saxophoniste en plein centre (on attendrait logiquement qu’il soit le chanteur…), et Isaac Wood presque caché dans son coin, à l’extrême gauche (vu depuis la salle). C’est donc presque surprenant quand Isaac, qui ne paie vraiment pas de mine, avec un pantalon et des chaussures qui lui donnent presqu’un air de SDF - et qui seront largement commentés à la fin du concert -, commence à chanter. Mais il chante d’une voix si magnifique, si dévastée en même temps, qu’il hypnotise immédiatement le public : l’émotion que dégage Isaac sur des chansons comme Athens, France ou le merveilleux Track X est purement exceptionnelle. Des réminiscences d’autres leaders ainsi enchantés nous viennent à l’esprit : Coner Oberst chez Bright Eyes ou Mark Eitzel chez American Music Club sont les premiers noms qui surgissent, mais c’est dire la hauteur à laquelle nous avons envie de placer Isaac Wood… D’ailleurs, en regardant autour de nous, il est facile de se rendre compte qu’une partie du public est venue pour absorber cette émotion débordante, surréelle. Et de fait, par moment, la musique s’élève à des hauteurs inattendues…

2021 10 25 Black Country New Road Trabendo (11)

La setlist proposée ce soir n’est pas pourtant pas facile, puisque la moitié des morceaux joués seront des extraits du futur album, pas encore sorti, mais Black Country, New Road arrivent à nous captiver même sur des chansons que nous ne connaissons pas encore. Le set se clôt par le magnifique Opus, avec sa magnétique intro au saxo, ses passages chantés qui frôlent le désespoir, ses explosions bruyantes, son lyrisme débordant basculant d’un coup vers une nouvelle danse slave qui emporte le public : une conclusion épique pour un concert bien supérieur à ce que nous espérions.

Pas de rappel : le public ne veut pas croire que c’est déjà fini, après 1h15, et le fait que les musiciens, qui sont leurs propres roadies, sont partis au bar et ne commencent pas à débarrasser la scène laisse planer un doute. Reviendront-ils ?

Non, bien sûr, il faut bien qu’ils se désaltèrent – surtout si l’on considère que les pubs anglais manquent de bière en ce moment. Mais ils reviendront à Paris rapidement, sans aucun doute, et nous serons là à nouveau pour célébrer le génie d’Isaac Wood et de sa bande de potes.

Les musiciens de Black Country, New Road :

Isaac Wood : chant, guitare

Lewis Evans : saxophone

Georgia Ellery : violon

Tyler Hyde : guitare basse

May Kershaw – claviers

Charlie Wayne – batterie

Luke Mark – guitare

 

2021 10 25 Black Country New Road Trabendo (15)

La setlist du concert de Black Country, New Road :

Instrumental (For the First Time – 2021)

Athen's, France (For the First Time – 2021)

Good Will Hunting (new song)

Chaos Space Marine (new song)

Track X (For the First Time – 2021)

Concorde (new song)

Bread Song (new song)

The Place Where He Inserted the Blade (new song)

Opus (For the First Time – 2021)

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23 octobre 2021

Whispering Sons et Marietta - Vendredi 22 Octobre 2021 - Le Plan (Ris-Orangis)

2021 10 22 Whispering Sons le Plan Billet

Whispering Sons au Plan, avec Guillaume Marietta, ça fait partie des concerts longtemps reportés, du fait de la situation sanitaire. De quoi nous attrister, parce que Whispering Sons, c'est à peu près ce qui se fait de mieux dans la noble tradition de l'urgence et de la tension à la Joy Division, et on avait hâte de pouvoir juger sur pièce - sur scène - les morceaux de leur impressionnant second album, Several Others.

Malheureusement, il y a peu d'affluence en cette soirée de départs en vacances, et le concert aura lieu dans la salle "Club" du Plan, certes plus intime.

2021 10 22 Marietta Le Plan (15)

20h20 : Guillaume Marietta rentre sur scène comme un furieux, devant une salle trop vide, trop calme. Guillaume est égal à lui-même, comme quand nous l'avons vu en août dernier : élégant, tranchant, légèrement inquiétant aussi, intense… comme sa musique qui oscille entre chaos psyché et poésie glam rock. Tiens, il y a quelque chose de Brett Anderson (de Suede…) dans son chant, sauf que Guillaume transforme chaque chanson en un happening de bruit et de fureur. Le public semble désorienté par ces changements de ton, ces ruptures dans des morceaux qui partent dans des directions surprenantes, et reste trop silencieux. La dernière partie du set est superbe, avec Prazepam St, une sublime version de Aluminium qui s'envole avant de se crasher dans un fracas assourdissant. Et puis Marietta nous abandonne au bout de près de minutes sauvages sur sa fantastique récitation – le livre à la main, depuis la fosse - du texte de Michael Jordan : une conclusion qui laisse tout le monde indécis, presque gêné. On aime ou on n'aime pas Marietta, mais il y a là une véritable démarche, et aussi une belle et saine colère.

21h20 : Le quintet bruxellois – originaire en fait de Limbourg - dont tout le monde parle, et qui est donc plus ou moins en pole position dans la riche scène Rock de Belgique, n’attirant guère qu’une centaine de personnes dans une salle de banlieue parisienne, c’est quand même rageant ! Et je pense que, comme pour Marietta, il y aura une certaine frustration à jouer devant une salle à peine pleine… Qui nous privera sans doute, nous qui sommes là, de la pleine intensité que ce groupe à la réputation impeccable est capable de délivrer. Nous n’aurons également droit qu’à une seule chanson en rappel, au lieu des trois habituelles…

2021 10 22 Whispering Sons Le Plan (11)

Mais bon, même comme ça, ce que nous avons pu voir et entendre de Whispering Sons est impressionnant, très impressionnant même : quatre garçons et une fille tout de noir vêtus, suivant les règles du genre, une musique sombre, austère, pleine de tension et d’intensité, explosant de temps à autre dans de brèves explosions libératrices. Le modèle scénique de Fenne Kuppens, la blonde et… « sinistre » chanteuse, est néanmoins plus le Nick Cave de Birthday Party que Ian Curtis… même si les tonalités masculines de son chant très neutre peuvent évoquer aussi Nico… Et les claviers ont une importance centrale dans la musique du groupe, prenant régulièrement le dessus par rapport à la guitare de Kobe Lijnen.

La première explosion de violence se produit dès la fin du fabuleux Heat, et on se prépare donc instinctivement à vivre un set intense… La première demi-heure sera pourtant assez calme, jouant plus sur la répétition des motifs et sur une électronique sombre et une rythmique hypnotique (comme sur le final envoûtant de Wounded : « I walk Out Clean, set back to work, I do not stir, set back to work… »). Alone a la solennité classique de la cold wave, et sa combinaison mélodie – guitare carillonnante peut même rappeler les premiers efforts d’Editors.

2021 10 22 Whispering Sons Le Plan (33)

C’est évidemment le redoutable Surface avec son rythme plus rapide et la voix de Fenne qui s’emballe (« So Close, so close… Suck Me In ! Suck Me In ! ») qui emporte complètement le morceau, enflamme le public et ouvre la voie à une dernière demi-heure très réussie, jusqu’à la conclusion logique – et envoûtante – de l’enchaînement Satantango / Surgery. Et nous n’avons malheureusement droit qu’à un seul titre en rappel, avec un goût de trop peu, alors qu’il n’est que 22h20, et que nous étions bien partis pour prolonger cette belle soirée.

En tous cas, malgré ce léger manque (possible) d’enthousiasme du groupe, et une guitare qui aurait supporté d’être mixée un peu plus en avant – surtout après la lave incandescente qu’avait déversé sur nous Marietta, sans pitié, lui, pour nos oreilles -, Whispering Sons ont confirmé ce soir leur excellence.

Il sera possible de les revoir bientôt en première partie de leurs compatriotes de Balthazar, mais face à une telle musique, nous souhaitons bonne chance à Balthazar pour enchaîner après Whispering Sons !

2021 10 22 Marietta Le Plan (8)

La setlist de Marietta :

Ether Ok (Prazepam St. – 2020)

Chewing your Bones (Basement Dreams are the Bedroom Cream – 2015)

Ellie Jane#2 (Prazepam St. – 2020)

HumpBumpDumpPumpin (Prazepam St. – 2020)

Prazepam Street (Prazepam St. – 2020)

Dmpa (Prazepam St. – 2020)

Aluminium (Prazepam St. – 2020)

Câblé au plastique (Prazepam St. – 2020)

The Jordan's Rules (Prazepam St. – 2020)

 

Les musiciens de Whispering Sons sur scène :

Fenne Kuppens – voix

Kobe Lijnen – guitare

Tuur Vanderborne – basse

Sander Pelsmaekers – batterie

Sander Hermans - claviers

 

2021 10 22 Whispering Sons Le Plan (29)

La setlist du concert de Whispering Sons :

Dead End (Several Others – 2021)

Heat (Several Others – 2021)

Got A Light (Image – 2018)

White Noise

(I Leave You) Wounded (Several Others – 2021)

Alone (Image – 2018)

Vision (Several Others – 2021)

Screens (Several Others – 2021)

Flood (Several Others – 2021)

Surface (Several Others – 2021)

Hollow (Image – 2018)

Aftermath (Several Others – 2021)

Satantango (Several Others – 2021)

Surgery (Several Others – 2021)

Encore:

Waste (Image – 2018)

Ce Live Report a déjà été au moins partiellement publié à l'époque du concert sur les blogs : manitasdeplata.net et benzinemag.net

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20 octobre 2021

Dom La Nena - Mardi 19 Octobre 2021 - Café de la Danse (Paris)

2021 10 19 Dom La Nena Café de la Danse Billet

Quelques semaines seulement après la consécration de Birds on a Wire sur la scène de l'Olympia, on retrouve Dominique Pinto, a.k.a. Dom La Nena, cette fois sans Rosemary Standley, au Café de la Danse, devant un public malheureusement plus réduit, ce qui paraît injuste quand on connaît la qualité de son dernier album, Tempo.

2021 10 19 Dino Brandao Café de la Danse (2)

20h20 : En première partie, nous nous régalons avec Dino Brandão, un jeune artiste qui se présentera dans un français presque parfait comme Suisse Allemand, de père angolais. Il a une voix magnifique, et joue ses chansons mi-fantaisistes mi mélancoliques en les animant avec des arpèges sautillants - comme sa tenue sur scène, à la fois timide et amusée / amusante. Ses chansons sont légères et pourtant complexes, distillant un véritable petit enchantement… remarquable d'ailleurs pour quelqu'un qui raconte, avec modestie, jouer et chanter normalement dans les restaurants ! Plus beaux moments parmi 35 minutes inspirées : Loser qui revient sur un séjour en hôpital psychiatrique qu'il avait jugé très "inclusif", et Progress qui brocarde le progrès occidental à deux vitesses, souvent basé sur le colonialisme.

2021 10 19 Dom La Nena Café de la Danse (9)

21h15 : Dom La Nena est elle aussi toute seule sur scène, mais avec son violoncelle, un ukulélé et une guitare électrique, un tambour et un mini-clavier, et surtout ses pédales magiques qui lui permettent de construire chacune des chansons en empilant des boucles, le set de ce soir sera tout sauf minimaliste ! Le concert démarre dans une atmosphère très recueillie, et il faudra bien se résigner à rester assis, le public ayant clairement décidé de ne pas danser ni trop se fatiguer. No tengas miedo est le premier enchantement de la soirée. Comme sur l’album Tempo qui sera joué en grande partie, on alterne entre chansons en espagnol et en portugais, avec quelques passages en français, comme sur Oiseau Sauvage. Avant de jouer une petite samba (uma « Sambinha »), Dom explique que 50% des Brésiliens, dont elle fait partie, ne savent pas danser la samba, mais demande à ce que des volontaires du public monter danser sur la scène (la première personne à oser le faire recevant un disque vinyle !), ce qui mettra une très belle ambiance amicale.

Retour malheureusement à la position assise - que nous évitons, quant à nous, en nous collant à la sono sur la droite, - alors que Dom La Nena vient, elle, s'asseoir sur le bord de la scène avec son ukulele pour un moment intimiste, une fois encore très chaleureux. Comme avec Birds on a Wire, elle fait preuve de ce joli humour piquant qui stimule le public, voire le défie sur ses connaissances linguistiques (elle nous fait chanter La Nena Soy Yo) ou musicales.

2021 10 19 Dom La Nena Café de la Danse (23)

Partageant avec nous les affres de sa maternité, elle nous explique que la seule solution pour que sa fille dorme est de lui jouer une version douce de Sonho Meu, une chansonde Dona Ivone Lara, première femme composant pour une école de samba carioca... : « Sonho meu, sonho meu / Vai buscar quem mora longe » (« Mon rêve, mon rêve, va chercher qui habite loin… »), les paroles sont magnifiques, de quoi avoir les larmes aux yeux. Le set se termine sur une interprétation électrique, plus tendue et moins souriante, de Moreno : « O Tempo é o inimigo de quem vive a esperar » (« Le temps est l’ennemi de celui qui ne vit que pour attendre… »).

Le rappel sera définitivement brésilien, avec en particulier une reprise très réussie de O Cometa de Rodrigo Amarante, du groupe brésilien Los Hermanos (et accessoirement peut-être plus connu des amateurs de rock pour sa participation à Little Joy), avec Dino Brandão en accompagnement au chant et à la guitare. Pour le second rappel, Dom fait monter sur scène un spectateur – qui se présentera comme Benjamin - qui s'était manifesté au cours du set : ensemble, ils interprètent au débotté Buenos Aires, une superbe chanson sur la capitale argentine où Dom a vécu… et surprise, surprise, Benjamin connaît bien la chanson, la joue et la chante très bien, ce qui nous vaut une clôture inattendue et originale de ce beau set de 1h10…

Belle soirée, qui aura forcément touché plus particulièrement les amoureux de l'Amérique du Sud, mais qui confirme aussi la parfaite maîtrise instrumentale et vocale d'une artiste singulière. Et qui n'en est, prenons en pari, qu'au début d’une brillante carrière. Viva Dom La Nena !

2021 10 19 Dom La Nena Café de la Danse (37)

La setlist du concert de Dom La Nena :

Tempo (Tempo – 2021)

No tengas miedo (Tempo – 2021)

Vejo passar (Tempo – 2021)

Oiseau Sauvage (Tempo – 2021)

Vivo na Maré (Soyo – 2015)

Sambinha (Ela – 2012)

Emmène-moi Danser

Doux de rêver (Tempo – 2021)

La Nena Soy Yo (Soyo – 2015)

Teu coração (Tempo – 2021)

Tourne

Todo tiene su fin (Tempo – 2021)

Quien Podra Saberlo (Tempo – 2021)

Moreno (Tempo – 2021)

Encore:

Sonho Meu (Dona Ivone Lara cover)

O Cometa (Rodrigo Amarante cover)

Maracangalha (Dorival Caymmi cover)

Encore 2:

Buenos Aires (Ela – 2012)

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17 octobre 2021

The Notwist - Samedi 16 Octobre 2021 - Trabendo (Paris)

2021 10 16 The Notwist Trabendo Billet

The Notwist est considéré par certains comme l’un des groupes les plus injustement méconnus des dernières décennies, et, même si les fans s’accordent pour dire que leurs derniers albums n’ont plus tout-à-fait le génie des premiers, le groupe allemand s’est forgé une formidable réputation sur scène… que nous allons pouvoir juger sur pièce ce soir dans un Trabendo, pas tout-à-fait complet malheureusement, mais bien rempli de ces fameux fans pour qui toute apparition du groupe est un évènement. On remarque en entrant dans la salle une abondance de matériel sur scène, un labyrinthe de claviers, d’amplis, de consoles, au milieu duquel trône une imposante structure de... xylophone (en fait, on m’apprendra qu’il s’agit d’un vibraphone…) ? On est impatients de voir ce que the Notwist va faire de tout ça…

2021 10 16 Merryn Jeann Trabendo (9)

19h45 : Merryn Jeann, jeune femme – australienne – blonde, très souriante, extrêmement sympathique, entame son set seule derrière son clavier : elle nous cueille d'emblée grâce à une voix superbe, mais on réalise vite que ses compositions sont fascinantes. Elle est rapidement rejointe par Adam au saxophone, qui va créer une atmosphère soyeuse, parfait écrin pour des chansons mêlant charme cotonneux et profondeur saisissante. Beaucoup de beauté, un soupçon d'étrangeté, des passages parlés, il y a quelque chose qui se passe dans un Trabendo recueilli (même si le malaise d'une spectatrice au premier rang créera une petite distraction...). Le fonctionnement en duo de Merryn Jeann et Adam est semble-t-il une nouveauté pour ce set au Trabendo : la chanteuse nous explique se produire normalement seule, mais avoir essayé aussi un format en quatuor, récemment. En tout cas, même sans répétition puisque, apparemment, les deux musiciens se sont rapidement mis d’accord dans l’après-midi sur le set, tout sonne impeccablement bien, et les échanges d'instruments, accompagnés de fous rires sympathiques se passent sans accroc. 45 minutes d'émotion vaporeuse et de beauté entêtante... Peut-être que quelques ruptures de ton auraient encore rendu ça encore meilleur. En tout cas, voilà une artiste (parisienne malgré ses origines…) à suivre !

2021 10 16 The Notwist Trabendo (2)

21h00 : Pas moins de sept personnes sur scène ce soir, ce qui signifie que le trio de base de The Notwist, les frères Acher, Markus (le chanteur guitariste) et Mitcha (bassiste) et leur batteur Andi Haberl sont entourés de quatre musiciens, dont les désormais habituels Max Punktezahl (« Nombre de points maximal » en français !) aux claviers et à la guitare (pour certains assauts soniques, mais nous en reparlerons) et Karl Ivar Refseth au vibraphone, absolument fascinant avec ses quatre baguettes qu’il utilise simultanément et ses deux archets. Le résultat est évidemment un son d’une amplitude et d’une richesse parfaite - bravo encore une fois à l’ingé son et au Trabendo pour nous avoir offert un son aussi impeccable ! Et surtout cette complexité qui distingue immédiatement The Notwist du reste de la scène actuelle…

L’attaque du set par Into Love / Stars, avec son intro légère et la voix touchante de Markus laisse quelques instants planer le spectre d’un concert calme et… mesuré à l’image d’une bonne partie du dernier album, Vertigo Days… mais c’est une illusion, puisque dans un crescendo absolument irrésistible, le rythme s’accélère, l’intensité monte : cela ne fait que quelques minutes que ça a commencé et on est déjà dans une atmosphère de folie ! Exit Strategy to Myself devient une véritable tuerie : ces boucles répétitives qu’on adore, ce maelstrom puissant qui nous entraîne, ce mélange totalement surprenant d’électronique et de puissance rock, et cette voix, si simple mais si belle, qui rappelle que toute cette folie reste profondément humaine. On bascule ensuite sans transition – les morceaux sont la plupart du temps enchaînés sans break, ce qui fonctionne très bien mais nous frustre puisque nous ne pouvons pas acclamer le groupe comme il le mérite – vers le krautrock agressif de Kong qui achève de nous mettre à genoux. Irrésistible est le seul mot qui nous vienne à l’esprit après une telle démonstration de force et de beauté conjuguées…

2021 10 16 The Notwist Trabendo (13)

On n’utilise pas le mot de « beauté » à la légère quand on parle de The Notwist, car ce qui impressionne vraiment, c’est que même lorsque les tourbillons soniques, les percussions furibardes, le chaos électronique montent en puissance et nous délivrent notre dose de frénésie, voire même d’extase, la munificence des mélodies et, répétons-le, le chant modeste mais littéralement enchanté de Markus nous raccrochent à notre humanité (Par exemple sur Pick Up the Phone, célébré par les fans qui semblent autour de nous proche du nirvana).

On ne va pas détailler ici chacun des morceaux interprétés au cours des 1h45 d’un set qui ne connaîtra aucune baisse de qualité, même si, après un démarrage stupéfiant, on ira explorer les atmosphères plus planantes, plus étranges aussi de Vertigo Days – admettons quand même que le martèlement tribalo-électro de Ship nous a enchanté ! Disons seulement qu’on ne s’ennuie jamais, même au cours des passages les plus abstraits, les plus expérimentaux, ou les plus calmes (Into the Ice Age / Oh Sweet Fire) de la set list : il y a toujours quelque chose à voir sur scène, comme l’utilisation par Markus de disques vinyles pour rajouter des couches de son, ou les performances spectaculaires de Karl Ivar avec son vibraphone, ou encore le travail admirable du batteur, forcené et léger à la fois.

Dans sa dernière partie, le set remonte en intensité, en alternant les chansons préférées du public (la plupart accueillies par des cris de joie, comme Into Another Tune avec son intro caractéristique, à la manière d’un orgue de barbarie) et les décharges d’énergie. Sur certains anciens morceaux, il est impossible de ne pas retrouver d’ailleurs certaines sonorités de la grande new wave des années 80, de New Order à Cure pour la mélancolie profonde et pour le lyrisme qui peut même devenir parfois flamboyant.

2021 10 16 The Notwist Trabendo (23)

Les derniers morceaux du set (Object 11, Loose Ends avec sa guitare abrasive qui tournoie au premier plan) reviennent, logiquement, inévitablement, d’abord vers les origines Rock du groupe, puis vers la transe, donc vers le bonheur général dans la salle – cris de joie, larmes aux yeux, ceux qui ont déjà assisté à des concerts où l’illumination survient ainsi connaissent le programme ! Sur scène, les musiciens semblent se relâcher (enfin !), prêts à jouir de l’amour de leur public… Et nous offrent un rappel généreux, puisque composé de l’enchaînement du merveilleux Pilot et de Consequence, très attendus, avant la brève conclusion enjouée et cinématographique – non prévue sur la setlist a priori – de 0-4.

En conclusion, et la joie qui se lisait dans les yeux du public à la fin de la soirée en est une éclatante confirmation, faites-vous du bien : ne manquez pas un prochain passage de The Notwist en concert près de chez vous !

La setlist du concert de Merryn Jeann :

Angels

Madame

Woman

Walkabout

Distance

Canopy (Merryn Jeann – 2019)

Me Be For You (Slowly)

See saw (Merryn Jeann – 2019)

Rooster

Present

 

2021 10 16 The Notwist Trabendo (25)

La setlist du concert de The Notwist :

Into Love / Stars (Vertigo Days – 2021)

Exit Strategy to Myself (Vertigo Days – 2021)

Kong (Close to the Glass – 2014)

Pick Up the Phone (Neon Golden – 2002)

Where You Find Me (Vertigo Days – 2021)

Ship (Vertigo Days – 2021)

Into the Ice Age (Vertigo Days – 2021)

Oh Sweet Fire (Vertigo Days – 2021)

One With the Freaks (Neon Golden – 2002)

Into Another Tune (Close to the Glass – 2014)

Object 11 (The Messier Objects – 2015)

This Room (Neon Golden – 2002)

Loose Ends (Vertigo Days – 2021)

Gravity (The Devil, You + Me – 2008)

Encore:

Pilot (Neon Golden – 2002)

Consequence (Neon Golden – 2002)

0-4 (Shrink – 1998)

Ce Live Report a déjà été au moins partiellement publié à l'époque du concert sur les blogs : manitasdeplata.net et benzinemag.net

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13 octobre 2021

Nick Cave & Warren Ellis - Mardi 12 Octobre 2021 - Salle Pleyel (Paris)

2021 10 12 Nick Cave & Warren Ellis Salle Pleyel Billet

Evidemment, nul n’est ravi d’aller assister à un concert du merveilleux, de l’exceptionnel Nick Cave à la Salle Pleyel, assis à des places numérotées, et après avoir dû vendre un rein pour se payer le billet. Mais, en y réfléchissant un peu, c’est toujours mieux que ce qui était prévu avant que la pandémie ne relègue tout ça aux oubliettes, c’est-à-dire un concert dans le grand hall sans âme de Bercy : faisons donc contre mauvaise fortune bon cœur, et acceptons même le contrôle des cartes d’identité avec les billets, histoire de vérifier que nul n’a dépassé le quota fixé de 4 entrées maximum par personne.

2021 10 12 Nick Cave & Warren Ellis Salle Pleyel (12)

Il est 20h15 quand Warren Ellis, accompagné de trois choristes et d’un musicien qui officiera aux claviers (d’abord, avant de passer occasionnellement à la batterie et même à la basse) pénètre sur la scène de la Salle Pleyel, suivi par Nick Cave, presque inchangé dans son éternel costume sombre et sa chemise blanche : plus de moustache depuis quelque temps et quelques rides supplémentaires, mais Nick Cave reste Nick Cave, en dépit de l’épreuve terrible qu’il a traversée.

La preuve de la miraculeuse permanence du talent de l’ex-punk destroy ultime qui est devenu au fil des années l’un des derniers géants du Rock, une véritable légende vivante pour quiconque a eu la chance d’assister au moins une fois dans sa vie à l’un de ses concerts, nous est délivrée immédiatement : « Once there was a song, the song yearned to be sung / It was a spinning song about the king of rock ‘n’ roll / The king was first a young prince, the prince was the best / With his black jelly hair he crashed onto a stage in Vegas… », l’intro de Spinning Song et un bon quart de la salle est déjà en larmes ! Nick Cave ou la catharsis ultime : on sait que, face au pire, le chanteur a cherché le salut dans la composition (Skeleton Tree, puis Ghosteen…) et surtout sur les planches, où le lien avec son public qui l’adore est immédiatement rétabli à chacune de ses apparitions.

2021 10 12 Nick Cave & Warren Ellis Salle Pleyel (9)

Oui, le concert commence juste, la voix terrible profère seulement ses premières imprécations, et Nick est déjà tout devant, au contact des premiers rangs, cherchant le regard de chacun, osant même toucher les mains (hérésie en cette époque de peur persistante de la contamination). Même si l’on sait à l’avance que la setlist ne sera pas « Rock’n’roll », on est immédiatement rassurés (non pas qu’on ait été inquiet, d’ailleurs…), la majesté et l’extase, les tremblements de l’âme seront de la fête ce soir.

Warren Ellis est quant à lui installé sur une chaise à la droite de la scène, dont il ne se lèvera que peu, et jouera quasiment toute la soirée de son petit orgue – responsable en grande partie des atmosphères si caractéristiques des chansons de Ghosteen. Il ne saisira son violon que trop peu à notre goût, d’ailleurs, et il sera aussi régulièrement utilisé par Nick comme traducteur : en effet, Warren habite désormais en région parisienne ! C’est en tout cas agréable de voir la complicité entre Nick et lui, ainsi que la gaîté facétieuse qui se dégage de leurs échanges. Clairement, Nick est ici épaulé par un véritable ami, qui le soutient et l’aide à déployer encore plus sa présence scénique.

La setlist de ce soir se concentre principalement sur les chansons du magnifique – et terrible – Ghosteen, album de deuil et de résurrection d’une formidable intensité émotionnelle – et celles de Carnage, collaboration audacieuse entre Warren et Nick, mais est complétée par quelques reprises bien senties du répertoire des Bad Seeds qui vont évidemment provoquer la joie d’un public visiblement composé de fidèles : I Need You, terrible réminiscence de Skeleton TreeGod Is In The House (avec Warren au violon), l’exaltante « murder ballad » de Henry Lee. Nous aurons droit également à une étonnante reprise du Cosmic Dancer de T. Rex (Warren, au violon, se déchaîne…) dédiée à un enfant assis au premier rang, et sur laquelle le registre bolanien – plus haut – change la voix de Nick, presque méconnaissable par instants.

2021 10 12 Nick Cave & Warren Ellis Salle Pleyel (11)

Même si les humeurs sont évidemment très noires, il faut rassurer ceux qui n’auraient encore jamais assisté, les pauvres, à un concert du grand Nick : les plaisanteries sont fréquentes, les échanges avec le public constants. Du « C’est une chanson joyeuse, mais elle sonne comme une chanson triste » pour présenter Night Raid, aux conseils de Nick une fois que le public s’est levé pour la fin du set : « Vous savez, c’est une chanson très longue, vous devriez sans doute vous rasseoir… Enfin, je dis ça, mais vous faites ce que vous voulez », l’humour est finalement omniprésent.

Autre point important, si le set n’a pas été – logiquement – aussi agité qu’un concert avec les Bad Seeds, cela ne veut pas dire que Cave ne nous ait pas gratifiés de moments d’une formidable intensité : on a vibré, tremblé, crié sur White Elephant, avec son texte méchant « If you evеr think about coming ’round here / I’ll shoot you in the fucking facе »), sa batterie lourde et son jeté de micro à la fin, sur Leviathan en explosion soul, sur Balcony Man avec sa conclusion terrible (« And what doesn’t kill you just makes you crazier »), et surtout, surtout sur une version sublime de rage de Hand of God, sommet absolu du set, et qui n’aurait aucunement fait tache au milieu d’un concert extrémiste des Bad Seeds (avec Warren Ellis qui ne se tient plus et qui crie de sa voix aigüe de sirène / goule vraiment effrayante…).

Inévitablement quand même, c’est quand, en ouverture du second rappel, Nick nous a joué son merveilleux Into Your Arms que les amoureux se sont serrés dans les bras l’un de l’autre, que les larmes ont coulé le plus abondamment. Que nous nous sommes souvenus que, en 2021, aucun artiste en activité n’égale Nick Cave sur scène. Et que ce concert de plus de 2 heures était, comme à chaque fois que Nick est en ville, destiné à terminer en tête de liste quand viendrait le moment de faire le bilan de l’année.

2021 10 12 Nick Cave & Warren Ellis Salle Pleyel (19)

La setlist du concert de Nick Cave & Warren Ellis :

Spinning Song (Nick Cave & the Bad Seeds – Ghosteen – 2019)

Bright Horses (Nick Cave & the Bad Seeds – Ghosteen – 2019)

Night Raid (Nick Cave & the Bad Seeds – Ghosteen – 2019)

Carnage (Carnage – 2021)

White Elephant (Carnage – 2021)

Ghosteen (Nick Cave & the Bad Seeds – Ghosteen – 2019)

Lavender Fields (Carnage – 2021)

Waiting for You (Nick Cave & the Bad Seeds – Ghosteen – 2019)

I Need You (Nick Cave & the Bad Seeds – Skeleton Tree – 2016)

Cosmic Dancer (T. Rex cover)

God Is In The House (Nick Cave & the Bad Seeds – No More Shall We Part - 2001)

Hand of God (Carnage – 2021)

Shattered Ground (Carnage – 2021)

Galleon Ship (Nick Cave & the Bad Seeds – Ghosteen – 2019)

Leviathan (Nick Cave & the Bad Seeds – Ghosteen – 2019)

Balcony Man (Carnage – 2021)

Encore:

Hollywood (Nick Cave & the Bad Seeds – Ghosteen – 2019)

Henry Lee (Nick Cave & the Bad Seeds – Murder Ballads - 1996)

Encore 2:

Into My Arms (Nick Cave & the Bad Seeds – The Boatman’s Call - 1997)

Ghosteen Speaks (Nick Cave & the Bad Seeds – Ghosteen – 2019)

Ce Live Report a déjà été au moins partiellement publié à l'époque du concert sur les blogs : manitasdeplata.net et benzinemag.net

 

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