Play It Loud !!!! Le rock'n'roll, c'est fait pour la scène...

16 septembre 2021

It It Anita - Mercredi 15 Septembre 2021 - Point Ephémère (Paris)

2021 09 15 It It Anita Point Ephémère Billet

Encore une soirée qui sent un retour à des concerts plus "libres" : la release party - retardée - du dernier album de It It Anita, transférée du Petit Bain au Point Ephémère, est l'occasion de se retrouver enfin ensemble avec des amis peu vus depuis de nombreux mois, et d'espérer ensemble un retour sur le territoire français de groupes britanniques ou américains. Planent toutefois en ce moment les échos terribles du procès de l'attentat du Bataclan qui a débuté et qui concerne de près nombre d'amis, de connaissances, et nous touche tous, amoureux de rock’n’roll et de liberté.

2021 09 15 Princess Thailand Point Ephémère (11)

20h45 : les Toulousains de Princess Thailand ouvrent le bal ce soir, et impressionnent d'entrée avec leur rock sonique, puissant et déstructuré. Deux guitares, un clavier (ou une basse), une batterie minimale, ça leur suffit pour jouer une musique atypique, construite sur des stridences saturées, avec, si l’on veut chercher des références, quelque chose de la folie torrentielle de Sonic Youth ou encore du son des premiers Cocteau Twins. Par là-dessus, les exhortations de la chanteuse, Aniela, intense et emportée, viennent chercher le contact avec le public. Princess Thailand excite, effraie, surprend, nous fait plein de choses intéressantes. Que les morceaux soient rapides ou au contraire suspendus, la conviction des musiciens et l'agressivité de la voix convainquent. A la fin, le groupe s'engouffre dans une bacchanale sonore, la chanteuse et le bassiste sont dans la fosse avec nous, le reste du groupe sur scène, c'est très beau. S'il y avait quelques petites réserves à émettre, ce serait que la voix n'est pas toujours bien placée - mais l'énergie généreuse fait passer ces imperfections - et aussi qu'on frôle régulièrement l'extase sans jamais l'atteindre pleinement. Mais de ce (relatif) échec-là, j'imagine que le public du Point Éphémère, trop calme, porte une part de responsabilité.

2021 09 15 It It Anita Point Ephémère (9)

21h55 : les Liégeois de It It Anita se distinguent tout d’abord par une organisation de la scène peu commune : le quatuor est disposé en carré, entouré par les amplis qui sont dirigés vers l’intérieur de ce carré, et non vers le public. Ils se font face deux à deux, se présentant de profil aux spectateurs : tout cela peut donner l’impression au départ d’un groupe qui joue pour lui-même, de musiciens qui préfèrent être entre eux que s’ouvrir vers l’extérieur. Mais dès qu’explose (littéralement) User Guide, on comprend que cette disposition permet avant tout aux membres du quatuor de s’appuyer les uns sur les autres, de s’entraider, de faire bloc ensemble pour que jaillisse la musique littéralement inouïe qu’ils produisent, et qu’ils nous offrent. Oui, qu’ils nous offrent, même si l’incroyable puissance qu’ils dégagent ne tolère guère de refus de notre part !

L’écoute des albums de It It Anita, et même de leur excellent Sauvé, sorti cette année, ne prépare aucunement à l’expérience scénique. Car peu de groupes que nous ayons vu jouent avec une telle intensité, une telle violence (on a dû revenir dans notre mémoire à l’interprétation live du Beaster par le Sugar de Bob Mould pour retrouver l’équivalent…) : peu importe les étiquettes qu’on colle sur leur musique – punk rock, noise, metal même parfois – elles sont absolument dépassées, ridiculisées par la furie sonique qui s’abat sur nous. L’un des qualificatifs que nous avons entendus autour de nous, au bout d’une heure cinq de musique totalement radicale, est « rouleau compresseur ». Et en effet, que l’on soit au milieu du moshpit en train de sauter dans tous les sens, ou bien accroché à scène en essayant de survivre au milieu de l’ouragan, on perd peu à peu notion du temps, on ne reconnaît plus vraiment les morceaux qu’on aime pourtant tellement, on est tout simplement laminé par cette violence démentielle que dégage It It Anita. Une violence bien entendu, c’est évident mais cela ne coûte rien de le dire, totalement positive, qui semble nous laver peu à peu de toute la saleté de notre vie quotidienne, qui nous purifie de nos angoisses, de nos tourments : ce n’est pas un hasard si l’un des amplis du groupe porte en lettres argentées le mot « LOVE » !

2021 09 15 It It Anita Point Ephémère (14)

On a, même si c’est injuste vis-à-vis des trois autres musiciens, envie de pointer particulièrement du jeu de batterie littéralement forcené de Bryan Hayart, incroyable moteur à explosion de la musique furieuse du groupe. C’est d’ailleurs lui qui conduit le déménagement – rituel – du groupe au milieu de la fosse, qui conclura le set : on sourit quand on le voit installer son tapis de sol, avant qu’on lui passe un à un certains éléments de son kit de batterie, mais quand le morceau (Imposter) reprend, avec la section rythmique au centre du Point Ephémère, et les deux guitaristes continuant à invoquer l’apocalypse scénique sur scène, personne n’a envie de rire. Juste de sauter en l’air en hurlant jusqu’au bout de la nuit.

Mais bien entendu, tout a une fin, et tout le monde, musiciens comme spectateurs, est bien rincé par ce traitement de choc, d’autant que la température dans la salle a été très élevée ce soir. Et nous sommes repartis dans la nuit, rentrés chez nous pour récupérer physiquement : la pluie avait cessé, nos oreilles bourdonnaient, mais nous avions les idées bien plus claires. Sauvés (… une fois encore par le Rock ‘n’Roll) !

 

La setlist du concert de Princess Thailand :

Parking (single – 2019)

First Time (And We Shine – 2020)

Sonar (And We Shine – 2020)

Now/Where (And We Shine – 2020)

Jazz

Night After Day (And We Shine – 2020)

Control

We Shine (And We Shine – 2020)

Into Her Skin (And We Shine – 2020)

I Can See (Princess Thailand – 2018)

 

2021 09 15 It It Anita Point Ephémère (17)

Les musiciens de It It Anita sur scène :

Michael Goffard – chant, guitare

Damien Aresta – chant, guitare

Elliot Stassen - basse

Bryan Hayart - batterie

 

La setlist du concert de It It Anita :

User Guide (Laurent – 2018)

Cucaracha (Sauvé – 2021)

See Through (Sauvé – 2021)

11 (Laurent – 2018)

25 (From Floor to Ceiling) (Laurent – 2018)

Authority (Sauvé – 2021)

More (Sauvé – 2021)

Jean-Marc (Jean-Marie) (Agaaiin – 2016)

53 (Sauvé – 2021)

Routine (Sauvé – 2021)

NPR (It It Anita EP – 2014)

Ce Live Report a déjà été au moins partiellement publié à l'époque du concert sur les blogs : manitasdeplata.net et benzinemag.net

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15 septembre 2021

The Limiñanas - Mardi 14 Septembre 2021 - Studio 104 (Paris)

2021 09 14 The Limiñanas Studio 104 Billet

Double programme alléchant pour cette rentrée et la reprise des concerts au Studio 104 : The Limiñanas qui viennent pour présenter leur tout nouvel album co-écrit avec Laurent Garnier, et Squid, le nouveau groupe sensation d’Outre-Manche ! Malheureusement, un problème de passeport périmé empêchera Squid de traverser le Channel, qui devient depuis le Brexit une sorte de « mur » infranchissable pour les musiciens britanniques, et nous voilà « réduits » à un seul concert… ce qui est mieux que rien, surtout quand il s’agit de Marieet Lionel Limiñanas, soit pas loin de ce qui se fait de mieux dans la scène rock française.

La salle est bondée ce soir, avec une jauge « normale », c’est-à-dire sans obligation de laisser un siège libre sur deux, même si, avec le passe sanitaire et le port du masque obligatoire, on reste dans le bon respect des règles de comportement en temps de pandémie. Sur scène, Marie et Lionel sont entourés de cinq musiciens, et on sait que Garnier est en coulisses, et qu’il viendra après le set participer à un interview groupé pour France Inter.

2021 09 14 The Limiñanas Studio 104 (25)

21h05 : Lancement du set après les news, nous allons profiter de la toute première interprétation live de De Película, ce nouvel projet de Lionel et Marie qui raconte une histoire, comme une sorte de road movie sans images, l’histoire d’amour entre Juliette et Saul, entre le Sud de la France et l’Espagne.

Si l’on pouvait se demander comment prendrait la greffe entre la techno de Garnier et le rock velvetien des Limiñanas, dès les premières mesures, les choses sont claires : pas un poil d’électro n’est venu se mêler au rock’n’roll « classique » de nos héros de Cabestany. Ce qui ne veut pas dire que l’influence du travail de Garnier ne se sente pas, puisque l’accent est mis désormais encore plus qu’avant sur la répétition (les trois musiciens confirmeront cette démarche dans l’interview qui suivra, prenant Can comme modèle de ce qu’ils ont voulu faire…) : la musique des Limiñanas n’a pas véritablement été ensemencée par la techno, mais a adopté le principe de boucles qui submergent peu à peu le groupe et le public, jusqu’à la transe…

2021 09 14 The Limiñanas Studio 104 (36)

Les six titres de De Película interprétés ce soir pendant les courtes 40 minutes de set sont donc tous construits sur la répétition acharnée d’un motif plus ou moins Rock, avec la narration assurée par deux des musiciens, dont Eduardo Henriquez – surnommé Edi Pistolas sur ce projet. Marie est devant son kit basique et continue à marteler un rythme imperturbable, Lionel se déchaîne à la guitare rythmique, et les pics d’intensité occasionnels sont apportés par le second guitariste ou par les claviers d’Edi en particulier. La musique est, comme désirée, la mise en forme d’une sorte d’obsession têtue, sur laquelle se raconte une histoire qui a, bien entendu, des allures autobiographiques : « Il s’agit d’un petit môme de province / Il aime la musique et le cinéma / Il va au lycée, mais il déteste ça / Il y a de la cruauté dans l’air… » peut-on entendre sur Saul.

Les deux sommets du set seront le formidable Que Calor !, où Edi met le feu, avec ses claviers enflammés et son chant passionné, et le final, Steeplechase, où le parallèle avec la musique de Can est le plus évident. Tout cela est tellement bon qu’on aimerait bien 40 minutes de plus, et une interprétation intégrale de l’album. Même si l’interview de nos trois héros est sympathique (on apprend par exemple que Lionel utilise le Louie Louie des Kingsmen comme sonnerie de son portable, que Marie et Lionel passent leurs journées à la plage, leur activité favorite…), on aurait préféré plus, beaucoup plus de musique. Surtout quand elle est de cette qualité-là !

 

La setlist du concert de Limiñanas :

Je rentrais par le bois... BB (De Película – 2021)

Saul (De Película – 2021)

Juliette dans la Caravane (De Película – 2021)

Que calor! (De Película – 2021)

Au début c'était le début (De Película – 2021)

Steeplechase (De Película – 2021)

Ce Live Report a déjà été au moins partiellement publié à l'époque du concert sur les blogs : manitasdeplata.net et benzinemag.net

 

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12 septembre 2021

Personal Trainer - Samedi 11 Septembre 2021 - Supersonic (Paris)

2021 09 11 Personal Trainer Supersonic affiche

Et s’il y avait un bénéfice réel de cette situation difficile que nous vivons encore, avec le Covid19 qui empêche encore les groupes US d’aller tourner en dehors de leurs frontières, et avec le Brexit qui rend toute tournée sur le continent inabordable pour les artistes anglais au succès confidentiel ou même moyen ? Lequel ? Eh bien celui de nous donner l’occasion de mieux écouter nos groupes nationaux, mais aussi de découvrir la myriade de talents venus d’autres pays européens. Par exemple, ce soir, notre génial Supersonic accueillait le groupe hollandais dont tout le monde parle, Personal Trainer…

2021 09 11 Pretty Inside Supersonic (7)

20h30 : On commence par Pretty Inside : ils sont de Bordeaux, et nous ravissent presque instantanément avec leur… on va dire power pop musclée : des chansons immédiatement accrocheuses jouées avec une énergie réjouissante, un son bien compact, de régulières montées en puissance pour exciter le public. Il n'y a guère que le chant - sous mixé, il est vrai - qui ne soit pas vraiment mémorable. On a qualifié ça de power pop, mais c'est dans le fond plutôt une sorte de rock classique qui fait danser, qui fait chanter, qui réjouit profondément. Et puis il y a, au bout de 40 minutes très satisfaisantes, ce final bien énervé, vaguement punk et un tantinet motorik, qui nous fait regretter les étiquettes précédentes que nous avons collées (Piece of Shit ?). Un album sort en octobre qu'il faudra guetter. Meilleure chanson du set : Sleeping in a Cage.

2021 09 11 Double Cheese Supersonic (2)

21h30 : C’est maintenant au tour de Double Cheese, un trio littéralement féroce - mais sympathique, il faut le souligner - qui vient de La Rochelle : on va qualifier ce qu’ils font du garage punk à tendance hardcore mais sous influence stoogienne. 55 minutes d'une énergie et d'une furie exceptionnelles, sans une seule baisse de régime ni de rythme (effréné, le rythme). Cohésion parfaite, son absolument monstrueux, rien à redire, cela fait même très longtemps qu'on n’a pas écouté de la musique aussi extrême, venue de quelque pays du monde que ce soit : on doit vraiment s’emm… à La Rochelle, pour avoir la rage comme ça ! Et ça fait vraiment du bien, évidemment. Le final, FUZZ, est encore plus intense, presque grandiose. Et puis, n'oublions pas, nous avons beaucoup aimé le coup du masque de requin vraiment effrayant porté par le bassiste !

2021 09 11 Personal Trainer Supersonic (12)

22h50 : Personal Trainer nous arrivent donc d'Amsterdam avec une réputation énorme de grosse, grosse sensation du moment, sur scène. Le résultat est prévisible : un Supersonic bondé, probablement pas loin de sa jauge maxi, d'un public - en majorité féminin- bien décidé à faire la fête. Depuis peu, Personal Trainer, ex-collectif à taille variable conduit par Willem Smit, s'est stabilisé dans un format "groupe de 7 personnes", évidemment un peu à l'étroit sur la petite scène : deux guitares, deux batteries, une basse, un clavier et occasionnellement un trombone, et Willem en agitateur plutôt qu'en chanteur. Le premier morceau, leur single The Lazer, avec un Willem, très vite torse nu, qui harangue le public, arrache tout. C'est dansant, c'est fun et c'est spectaculaire.

Musicalement, on est dans des chansons combinant funk et ritournelles électro, avec des accélérations garage rock, mais il y a tellement de chaos sur scène et dans la salle que l'on ne se préoccupe pas vraiment du genre musical. La plupart des morceaux sont gais et excitants, Willem s’excuse presque lorsqu’il nous présente une chanson plus calme, il nous semble reconnaître Muscle Memory, mais de toute façon, sur scène, ce n’est pas particulièrement lent et triste non plus ! Willem perd son pantalon, mais n’ira pas plus loin et ne jouera pas son Iggy Pop : il va le remonter sagement. Il est dommage que faute de lumière - ce soir la scène du Supersonic est quasiment plongée dans le noir - il soit impossible de prendre des photos qui puissent témoigner de ce qui s'est passé ce soir, parce que ceux qui n'étaient pas là ne nous croiront jamais.

Un rappel non prévu au bout de 40 minutes épuisantes permet à Willem de faire un court crowdsurfing, ce qui est un exploit au Supersonic. Pas moyen malheureusement, comme on a envie de le faire, d’aller au merchandising acheter le EP du groupe, Gazebo, épuisé, « …ce qui est à la fois une bonne et mauvaise nouvelle », comme nous en avait prévenu Willem !

Et voilà, c'est fini, c'était encore une vraie soirée rock...comme "avant". Et encore de bons souvenirs au cas où...

 

Les musiciens de Pretty Inside sur scène :

Alexis Deux-Seize : Vocals, guitar

Lucas Mégardon : Drums

Lucas « LaMaladie » Truchassout : Bass, backing vocals

Clément Pelo : Guitar

 

La setlist du concert de Pretty Inside :

All the Time

Clean Up My Room

25

Hole in my Head

Time To Understand (Teargas – 2020)

Bloodstains (Teargas – 2020)

Sleep in a Cage

Deeper (Teargas – 2020)

Your Friend for Good

Piece of Shit

 

La set list du concert de Double Cheese :

For You

Sound of the Under

The Ants (Mash Potatoes EP – 2020)

City Trash (Summerizz – 2017)

Voices

Mash Potatoes (Mash Potatoes EP – 2020)

Jailtime

Pills and Wine

Mean as Fuck

Bite It

Talk Talk Talk

HIYW

Brain Damage

FUZZ (Brain Damage – 2019)

 

2021 09 11 Personal Trainer Supersonic (4)

La set list du concert de Personal Trainer :

The Lazer (single – 2019)

Findel

Texas,in the Kitchen

Fiddlefunk (Gazebo EP – 2021)

Stormchaser of the Month (single – 2019)

Muscle Memory (Gazebo EP – 2021)

Politics (Gazebo EP – 2021)

Key of Ego

You Better Start Scrubbing

Former Puppy

Crops (Gazebo EP – 2021)

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10 septembre 2021

This Is The Kit - Jeudi 9 Septembre 2021 - Eglise St Eustache (Paris)

2021 09 09 This Is The Kit St Eustache Billet

L'église St Eustache, c'est quand même un superbe endroit pour un concert de Rock, non ? Même si on sent bien que ça va être compliqué pour le pogo, on se console en se disant que même si le folk-rock de Kate Stables est parfois joliment énergique, on devrait arriver à se maîtriser et à rester assis !

Le concert de ce soir, organisé par Super ! dans le cadre du nouveau programme Spiritus Sancti, est complet, ce qui est une excellente nouvelle. Par contre, notre attente devant l'entrée du vénérable monument aura été assez épique, avec un gros orage qui aura largement douché tous ceux qui n'auront pas réussi à s'abriter sous le porche d'entrée... Introduction sympathique d’un responsable de la paroisse, qui nous autorise, pourvu que nous restions assis, à retirer nos masques… et c’est parti !

2021 09 09 Nadine Khouri Eglise St Eustache (4)

20h20 : C’est Nadine Khouri, une jeune femme – d’origine libanaise et vivant officiellement à Londres, même si elle nous dira arriver de Marseille – armée de sa seule Telecaster (et pas mal d'effets...) qui ouvre la soirée. Dans une atmosphère très recueillie - le lieu aidant, les lumières éteintes aussi, car on joue pour le moment à la seule lumière des bougies -, elle égrène des chansons très suaves, très douces. Nadine se dit intimidée : un tel endroit, cinq cents personnes (?) assises après un an et demi de pause… Sa voix est très belle – d’ailleurs elle a séduit rien moins que John Parish, un connaisseur sur la question, qui lui a fait enregistrer son premier album en 2017 -, mais il ne se passera malheureusement pas grand-chose ce soir sur scène. Cette beauté – indiscutable - semble surtout stagner dans une atmosphère hors du temps, souffrant probablement aussi du minimalisme de l’accompagnement à la guitare, alors que l’album, The Salted Air, bénéficiait d’une orchestration complexe et remarquable. Bref, l’enchantement souhaité ne se produira pas, le set semblera manquer un peu de vie, et du coup d’émotion. Il nous faudra revoir Nadine Khouri dans des circonstances moins exceptionnelles, où ses chansons respireront mieux, comme elles le méritent.

2021 09 09 This Is The Kit St Eustache (14)

21h05 : Kate Stables est entourée ce soir d'une superbe équipe, parmi laquelle son mari, bien entendu, mais qui bénéficie de l’addition d'un trombone qui va littéralement enchanter plusieurs titres. Le set de This Is the Kit débute d'ailleurs par une interprétation en duo (Kate et le trombone) de Slider, qui va définir le mood pour la soirée : mélancolique, rêveur et pourtant rayonnant. Quand tout le groupe se joint à la fête, c'est une vraie splendeur : le son est magnifique - au moins pour nous, devant, car Kate elle-même nous explique que, au fond, c'est plutôt « psychédélique, parfait pour les amateurs de spirales » ! On plaint les spectateurs au fond de la nef, qui ne peuvent pas bien profiter de cette beauté. Chaque morceau tiré de Off Off On prend une dimension nouvelle dans cet environnement où le public écoute dans un silence recueilli et où les musiciens semblent se concentrer plus que d'habitude pour livrer une interprétation plus dense, plus riche.

Kate plaisante avec son habituelle gaîté… mais ne trouve bientôt plus rien à dire : ce soir la Musique - même profane comme l'a qualifiée dans son introduction le responsable de la paroisse – règne en maître ici. La setlist est composée quasi uniquement d’extraits des deux derniers albums, et sera un peu moins extraverti, festif, que certaines autres prestations du groupe. La voix de Kate, du coup, nous évoquera par instants celle d’Alela Diane, en particulier sur son dernier album, Cusp. Les deux guitares accompagnant Kate font un boulot formidable, apportant une touche de puissance contenue aux morceaux (comme sur un This Is What You Did très enlevé), et on apprécie aussi les backing vocals de la bassiste, qui a elle aussi une voix impressionnante. Bref, on frôle la perfection formelle sur des morceaux comme No Such Thing ou le formidable Was Magician, nos préférés du dernier album.

Le set se termine au bout de près d’une heure dix, mais on aurait bien continué toute la nuit comme ça. A la sortie, nos amis qui étaient au fond de la nef nous confirment malheureusement que le son était plutôt mauvais : un bémol donc – en fonction du placement des spectateurs – pour cette soirée de toute beauté.

2021 09 09 This Is The Kit St Eustache (1)

La setlist du concert de This Is The Kit :

Slider (Off Off On – 2020)

Bullet Proof (Moonshine Freeze – 2017)

Empty No Teeth (Moonshine Freeze – 2017)

No Such Thing (Off Off On – 2020)

This Is What You Did (Off Off On – 2020)

Off Off On (Off Off On – 2020)

Moonshine Freeze (Moonshine Freeze – 2017)

All Written Out in Numbers (Moonshine Freeze – 2017)

Found Out (Off Off On – 2020)

Started Again (Off Off On – 2020)

Bashed Out (Bashed Out – 2015)

Was Magician (Off Off On – 2020)

Hotter Colder (Moonshine Freeze – 2017)

Keep Going (Off Off On – 2020)

Ce Live Report a déjà été au moins partiellement publié à l'époque du concert sur les blogs : manitasdeplata.net et benzinemag.net

 

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09 septembre 2021

Crack Cloud - Mercredi 8 Septembre 2021 - La Station Gare des Mines (Paris)

2021 09 08 Crack Cloud La Station Billet

Le festival Ideal Trouble, consacré aux “artistes défricheurs”, quoi que ce soit que ça signifie, se tient dans l'enceinte de la Station, Porte d'Aubervilliers, et même si on peine à qualifier le cadre de bucolique, il faut bien avouer qu'avec les températures d'été indien que nous avons cette semaine, un festival en plein air est loin d'être désagréable : quelle meilleure manière d’attendre le début des hostilités qu’allongé dans un transatlantique, une bière à la main ? Malheureusement, la météo est pessimiste pour la soirée, et cela jette une ombre sur notre joie de voir enfin sur scène nos chouchous de Crack Cloud...

2021 09 08 Begayer La Station (8)

19h40 : Crack Cloud viennent juste de finir leur soundcheck, et Begayer, leur matériel installé à même le sol, débutent leur set… improbable. Entre rythmes tribaux - deux percussionnistes s'affairent - et installation d'Art Moderne - des instruments faits maison à partir de matériaux divers et en particulier de tuyauteries en plastique -, il est difficile de s'y retrouver. Le "chanteur" produit des petits bruits littéralement inhumains tout en soufflant dans ses tuyaux, presque effrayant parfois dans son délire. On va dire que le résultat est un post rock ambient à la fois ludique et obsédant. On peut danser (vaguement), être fascinés (beaucoup), et même s'ennuyer (un peu) aussi devant cette absence de tout qui produit... autre chose. Une trentaine de minutes d'un trip assez unique, qui fait bien comprendre, finalement, le concept de défrichage musical. Bravo !

On observe tous le ciel avec inquiétude vu les prévisions météo d'orages de grêle. De gros nuages noirs s'accumulent, on espère très fort passer à travers... Mais 21h50, heure prévue pour le démarrage du set de Crack Cloud, semble encore tellement loin…

2021 09 08 Nina Harker La Station (10)

20h40 : Nina Harker avait réussi un petit buzz voilà quelques années avec une apparition mystérieuse et quelques chansons minimalistes. Pourquoi pas ? Leur matériel est également installé directement sur le sol, un bric-à-brac sur une table, avec une sorte d'harmonium sur le côté. Nina Harker, c'est un couple, ils ont l'air très calmes – mais alors très, très calmes ! -, leurs yeux sont passés au charbon de bois. Il se dégage de la table d'abord une sorte de son drone/ambient, avant qu'ils ne se lancent dans une alternance de mélopées hallucinatoires chantées à deux voix et de chansons qui seraient presque des bossas novas neurasthéniques s'ils ne chantaient pas en espagnol.

Le problème est que cette musique, interprétée par nos deux artistes qui sont, symboliquement, face à face, et tournent donc toujours le dos à une partie des spectateurs autour d’eux, est comme fermée au public. Pire, son aspect rêveur ne laisse finalement que peu de place pour que notre imaginaire puisse se déployer. Alors, quand ils glissent une cassette de musique électronique dans leur machine et se mettent à tourner lentement, silencieusement, en rond autour de leur table, on frôle la provocation gratuite, et l’irritation gagne : mais nous sommes prêts à admettre que c'est sans doute nous qui n'avons pas saisi la démarche. Bref, ce cirque se termine, au bout de 45 longues minutes, par une chanson en allemand un peu plus animée grâce à des percussions enregistrées, avant qu’un autre de ces chants hébétés en forme de balade acoustique, en italien cette fois, semblable à tout ce qui a précédé, nous prouve surtout que ça pourrait durer comme ça toute la nuit.

2021 09 08 Crack Cloud La Station (14)

21h45 : Raah, non ! L’orage a éclaté juste au moment où les musiciens de Crack Cloud montaient sur scène. Au premier rang, nous sommes abrités par l’auvent et nous pouvons témoigner de l’inquiétude des musiciens et des organisateurs alors que des gouttelettes d’eau menacent le matériel et la sécurité de tous. Que faire ? Et puis, c’est un miracle ou presque : la pluie s’arrête d’un coup (et ne reviendra pas de la soirée…). Crack Cloud démarre immédiatement son set, et tout le monde – la place devant la scène est maintenant bondée – pousse un soupir de soulagement.

On sait que Crack Cloud est plus un collectif qu’un groupe traditionnel, et il y a autour de Zach Choy, le chanteur-batteur placé au centre de la scène, cinq musiciens aux styles très différents, et donc complémentaires : deux guitaristes, devant, qui assurent principalement le côté Rock du show, deux autres musiciens au look très straight à l’arrière qui sont clairement responsables de la richesse de la texture et, disons-le sans crainte, de la solidité de la musique, et puis deux fauves déchaînés, le colossal bassiste barbu et chevelu, presque effrayant d’intensité, et le claviériste hystérique qui fait tout le show à lui tout seul. Bref, il y a beaucoup de choses à voir sur une scène illuminée d’une lumière blanche aveuglante…

Crackin Up nous met dans la bonne ambiance, et confirme les trois éléments-clé qui rendent la musique de Crack Cloud aussi excitante et addictive : il y a Zach qui scande ses paroles et hurle sa colère, il y a des dissonances qui fusent de toute part, il y a des nappes de claviers très psychédéliques, et il y a surtout ces rythmes obsédants et irrésistibles sur lesquels il est impossible de ne pas danser.

2021 09 08 Crack Cloud La Station (11)

Si les musiciens ne sont pas particulièrement communicatifs – pas plus de trois mots échangés avec le public au cours du set de 50 minutes -, on leur pardonnera aisément tant ils sont clairement concentrés sur leur musique complexe, aussi déroutante par instants que satisfaisante quand elle emprunte les voies d’un rock quasi motorik, jouant sur de longues répétitions rythmiques visant à entraîner le public dans une longue transe. Il faut d’ailleurs signaler que le public de la Station aura été particulièrement réceptif ce soir, et que ce fut une belle foire d’empoigne devant la scène, nous obligeant au premier rang à lutter pour notre espace vital. Comme ça se doit d’être le cas dans un vrai concert Rock réussi, non ?

La dernière partie du set nous offre deux de nos morceaux préférés : Ouster Stew, peut-être parce qu’on y retrouve des sonorités Talking Heads, et Tunnel Vision, pendant lequel les guitares s’emparent brièvement des commandes. Beau final instrumental et rythmique, pour un set qui aurait pu sans problème durer trente minutes de plus.

Satisfaction générale du public après cette bonne décharge, qui prouve d’ailleurs qu’on peut être – relativement – dans l’expérimentation sans priver pour autant son public des plaisirs élémentaires du spectacle live. Une leçon à retenir pour tous ceux qui ont envie de faire évoluer le Rock.

Ce Live Report a déjà été au moins partiellement publié à l'époque du concert sur les blogs : manitasdeplata.net et benzinemag.net

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08 septembre 2021

Olivier Rocabois / Gervaise / Lucie Shame - Mardi 7 Septembre 2021 - International (Paris)

2021 09 07 Olivier Rocabois International affiche

Lorsque nous avions assisté à une première interprétation, en format duo, des impressionnantes chansons de l’album Olivier Rocabois Goes Too Far, Olivier nous avait promis une version “avec groupe complet” dès la rentrée. Nous y voici enfin, impatients de pouvoir juger sur pièce, dans le sous-sol de l’International.

A 20h20, donc avec déjà un peu de retard sur l’horaire, c’est Lucie Shame qui monte sur la petite scène, devant un public encore assez clairsemé, malheureusement ? Lucie est une petite femme nerveuse – elle avouera un peu plus tard avoir eu pas mal d’angoisses avant ce set, espérant même qu’une comète s’écraserait sur Paris et détruirait l’International ! – qui interprète en solo à la guitare électrique et en anglais des chansons très personnelles, et dans l’ensemble, on l’aura compris rapidement, plutôt rugueuses.

2021 09 07 Lucie Shame International (2)

Même si ce sont des références un peu écrasantes peut-être pour une artiste qui est encore en début de trajectoire, on pense au premier album de PJ Harvey ou à l’apparition de Courtney Barnett : Lucie, seule et courageuse, chante des chansons électriques et honnêtes… (quand elle chante une chanson d’amour, c’est une chanson de rupture, nous prévient-elle…). Avec Lucie, hypersensible, assumant le risque d’une certaine maladresse, ça passe ou ça casse. Et la plupart du temps ça passe, comme le prouvera la réaction très encourageante du public. Bien sûr on aime plus, idiots que nous sommes, quand la guitare devient brutale et que les chansons adoptent plus franchement une structure Rock. Pourtant, le plus beau moment du set, ce sera une mise en musique d'un poème érotique (saphique, précise Lucie) de Verlaine… Qui nous fait dire une fois encore qu'il faut oser, oui vraiment oser à nouveau le français dans le Rock (bon, on admettra que tout le monde n'écrit pas comme Verlaine)… Dommage que le bruit des conversations au bar - trop proche - couvre parfois les émotions très subtiles des chansons, mais à la fin, sous les applaudissements, Lucie est fière d'avoir surmonté son trac.

On nous annonce qu’en supplément de programme, nous pourrons écouter trois chansons d'une très jeune artiste - pas même majeure ! nous dit-on… Elise a une voix soul en effet étonnante, et elle chante – en s'accompagnant au piano - deux reprises et une composition personnelle (Waiting for Nothing). Elle termine par une version soul finalement assez culottée de Bohemian Rhapsody.

2021 09 07 Gervaise International (3)

Il est déjà 21h35 quand Gervaise, avec l’énergie d’un cyclone, investit la scène avec ses deux boys à paillettes qui l’accompagnent aux claviers, guitare et basse. Son public, très passionné, est là pour la soutenir, et le public d’Olivier reflue et retourner au bar à l’étage au-dessus. Gervaise est une fille formidable, elle déborde donc d'énergie, mais elle irradie aussi une sympathie naturelle. Elle chante bien, elle bouge avec une présence évidente et avec une aisance communicative. Après, ce genre de pop contemporaine (enfin ce qu'on appelle "pop" en ce moment), à la fois très directe et très synthétique, n'est pas forcément de notre goût. « Une badass à cœur grenadine », voilà comment se définit Gervaise elle-même, sans craindre les clichés, avant d’ajouter : « j'ai trop de choses à dire », avec enthousiasme et générosité. Elle est d’ailleurs capable de gérer sans perdre son calme un gros problème technique qui l’obligera à reprendre deux fois l’un de ses morceaux.

Mais plus le set avance, plus on réalise que ses textes ont une force indéniable (allez, on n’a pas peur de le répéter : pourquoi est-ce que les rockers laissent notre belle langue aux rappeurs et à la "pop"?). D'ailleurs, quand Gervaise abandonne la pop à paillets et nous offre une chanson intime, seule à la guitare électrique, il se passe quelque chose (Quand j'enlève tout). Le final du set de 45 minutes arrivera même à nous embarquer, en dépit de nos réticences initiales, avec un manifeste féminin plus que féministe (Je féminin), une conclusion positive mais ambiguë (Sad & Seule ?), et une conclusion a capella (Fuck mon corps) saisissant sur les difficultés d'aimer son corps quand on est une femme. On a apprécié être retournés ainsi par Gervaise et passer au cours du set d’une forme de rejet initial à une vraie adhésion émotionnelle. Bravo, l’artiste !

2021 09 07 Olivier Rocabois International (12 NB)

Il est déjà 22h55, soit plus d’une heure de retard quand Olivier Rocabois lance son set. Le public a été entièrement renouvelé par rapport au set précédent, ce qui est quelque part dommage : ne devrions-nous pas tous essayer de faire le grand écart entre les genres musicaux pour nous remettre en question ?

Olivier est accompagné de son fidèle acolyte, le brillant Jan Stümke aux claviers, et de deux musiciens supplémentaires à la basse et à la batterie. Le son est malheureusement trop confus et dessert la splendeur des chansons, la voix d'Olivier souffrant d'être trop en retrait. Le format groupe apporte comme espéré une belle énergie, mais dilue aussi la beauté de certains passages mélodiques, la section rythmique paraissant parfois décalée par rapport à la guitare et au piano. Les moments de montée en puissance des morceaux convainquent, ajoutent un lyrisme bienvenu aux chansons, mais n’est-ce pas un peu aux dépends de l'émotion ? Cette première partie du set est en deçà de ce que nous espérions… jusqu’à un break acoustique solo : la belle chanson Over the Moon – qu’Olivier qualifie pourtant de « chanson toujours en gestation » - nous montre à nouveau le "vrai Rocabois"…

Et c’est ensuite que les choses se mettent vraiment en place : l'apport d’un second guitariste redonne de l’espace, du souffle à la musique : on pourrait même parler - paradoxalement – d’une plus grande légèreté de l'ensemble ! Et cette dernière partie du set va être enfin comme on l’attendait : magnifique. Arise Sir Richard est puissant ; Péplum (le titre sur la setlist de My Wounds Started Healing), avec ses quatre parties distinctes – une chanson qu’Olivier estimait très difficile à interpréter sur scène ! – est un sommet ; Hometown Boys est le tube réjouissant qu’on aime tous… et, en "auto-rappel" (dixit Olivier…), Ship of Women – un single qui n’aurait pas déparé sur l’album, à notre avis - confirme sa classe.

60 minutes irrégulières mais qui confirment l’ampleur du talent et de la musique de Rocabois. Gageons qu’avec un peu plus de pratique dans le format groupe, et dans des conditions meilleures, tout ça va encore s’améliorer et rendre mieux justice à l’album ! A bientôt, Olivier !

 

La setlist du concert de Gervaise :

Mauvaises Filles

Ça Déchire

Vendeur de Roses

Flirt avec l'orage

Quand j'enlève tout

Je Féminin

Sad & Seule

Fuck mon corps (a cappella)

 

2021 09 07 Olivier Rocabois International (9)

La setlist du concert d’Olivier Rocabois :

The Sound of the Waves (Olivier Rocabois Goes Too Far – 2021)

High as High (Olivier Rocabois Goes Too Far – 2021)

In My Drunken Dreamscape (Olivier Rocabois Goes Too Far – 2021)

Tonight I Need (Olivier Rocabois Goes Too Far – 2021)

Let Me Laugh Like a Drunk Witch (Olivier Rocabois Goes Too Far – 2021)

I’d Like to Make My Exit with Panache (Olivier Rocabois Goes Too Far – 2021)

Over the Moon

Green Green Gardens (All If – Absolute Poetry – 2017)

Arise Sir Richard (Olivier Rocabois Goes Too Far – 2021)

My Wounds Started Healing (Olivier Rocabois Goes Too Far – 2021)

Hometown Boys (Olivier Rocabois Goes Too Far – 2021)

Encore

Ship of Women (Single – 2019)

Ce Live Report a déjà été au moins partiellement publié à l'époque du concert sur les blogs : manitasdeplata.net et benzinemag.net

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07 septembre 2021

Têtes Raides - Lundi 6 Septembre 2021 - Olympia

2021 09 06 Têtes Raides Olympia Billet

Ce soir, debout à la barrière de l'Olympia, attendant que la salle se remplisse doucement, il flotte dans l'air une sorte de doux sentiment de "retour à la normale". Auquel on n'ose pas vraiment croire. Mais même si on ne sait quel nouveau variant mettra tout ça à bas dans quelques semaines, on se dit qu'on aura au moins vécu ça : un concert dans de bonnes conditions, dans la fosse, sans sièges, pour le retour de nos chères Têtes Raides, qui annoncent le lancement d'un nouvel album, Bing Bang Boum, leur premier depuis Les Terriens en 2014. Et ça, ça nous rend heureux, au moins pour une soirée.

2021 09 06 Arcan Olympia (9)

20h00 : en première partie, ARCAN, un groupe parisien que nous allons découvrir sur scène, alors qu’ils existent depuis… une dizaine d’années ! Ce relatif anonymat semble d’ailleurs immédiatement étonnant, tant ce qui se passe sur scène est… étrange, ce qui, pour nous, est une fichue qualité ! Les trois premières chansons sont interprétées par Pierre-Antoine Combard, le leader, en haute-contre ! Qui plus est, cette musique semble serpenter comme du bon vieux Radiohead, à la recherche d'une émotion nue. Et pure. Bon, on comprend qu’une approche aussi ambitieuse, singulière, n’est pas la manière la plus simple de gagner l'adhésion du public, et pourtant ça marche, ce soir, à l’Olympia. Il y a aussi cette guitare impressionnante qui vient balayer d'une vague "noise" puissante les conclusions des morceaux. Et puis, peu à peu, alors qu’ARCAN a toute notre attention, on regagne les rivages d'un rock plus "normal", ce qui ne veut pas dire ordinaire. Le final du set (Expression) irait presque chercher un lyrisme et une puissance digne d’un rock de stade, qui saurait pourtant conserver toute son élégance. Le public de l'Olympia est conquis. Ah oui, visuellement, ARCAN, c'est un quatuor et le Pierre-Antoine, tout de jeans vêtu et très élégant, porte une casquette comme les titis parisiens du siècle dernier, qui n'a rien à voir avec la musique du groupe. Ou peut-être au contraire que si... Très belle découverte, en tous cas.

20h50 : Un énorme gyrophare rouge et une sirène assourdissante annoncent l’entrée sur scène des huit musiciens de Têtes Raides, et un frémissement d’excitation parcourt le public, tout entier composé de fans absolus de ce groupe si singulier. Notre histoire d’amour avec Têtes Raides remonte aux années 90, et à ces sets incendiaires et émotionnellement bouleversants qui établirent alors leur réputation, et chaque fois qu’on les revoit, on espère que le miracle se reproduira. Et, croyez-le ou non, il se reproduit.

2021 09 06 Têtes Raides Olympia (6)

Le concert de ce soir, on le réalise très vite, n’est pas consacré comme nous le pensions à la promotion du nouvel album qui va sortir à la fin du mois – même si le premier morceau, très anxiogène et impressionnant avec Christian qui clame les textes dans son portevoix, puis soulève la foule par ses questions (« ça va ? ») est une nouveauté : non, nous sommes ici pour célébrer les "30 ans de Ginette", un anniversaire dont nous avions été privés l’année dernière du fait des circonstances qu’on connaît. Ce qui signifie que la setlist revisite la quasi-totalité de la carrière du groupe, avec seulement un ou deux titres extraits de chaque album : il y en aura donc pour tous les goûts, pour caresser notre nostalgie dans le sens du poil comme pour nous étonner en nous remémorant certains virages artistiques audacieux pris par la bande à Christian Olivier au fil du temps.

Bien entendu, sans véritable surprise, nous pourrons, au cours de l’heure cinquante que va durer ce concert très généreux, nous émerveiller sur l’impact toujours intact des hymnes immenses du groupe, avec au premier rang le duo infernal formé par Gino (largement chanté par le public, ce qui impressionne, amuse et même irrite peut-être un peu Christian) et Ginette (toujours ce même moment de poésie pure, avec cette lampe qui virevolte au-dessus du groupe et de nos têtes, au premier rang, cette lampe rustique qui s’appelle donc Ginette…).

2021 09 06 Têtes Raides Olympia (33)

Mais nous allons aussi tanguer sur la musique de cirque de Chamboultou, pogoter sur le ska cuivré de Journal (avec son texte à la rage képon des origines : « Allez les enfants ! Tuez vos parents ! »), lever le poing sur le rock martial de Civili comme à l’époque des rangs fournis de la gauche, sentir notre cœur se serrer sur l’atmosphère nostalgique de Des Silences, nous émerveiller devant l’idée frappante de cette énorme tête de mort qui va venir coiffer Christian. Et puis bien sûr, faire la fête tous ensemble quand la musique assume toute la fantaisie surréaliste des beaux textes de Christian Olivier, et quand l’accordéon convoque une France imaginaire au cœur et aux bras ouverts. Et combien de fois les larmes auront-elles rempli nos yeux ce soir ? Impossible de les compter, et c’est surtout là, le miracle dont nous parlions plus tôt.

S’il y a un léger bémol à émettre quant au principe de cette setlist "pot-pourri", c’est que le changement permanent de format du groupe, du quatuor rock électrique à la troupe entière, cuivres et cordes en bannière, et les ruptures régulières d’atmosphère nous auront parfois frustrés : certaines ambiances auraient mérité de se prolonger, alors que nous étions obligés, d’un coup, de repartir quasiment en sens inverse. Mais on comprend bien que c’est le prix à payer si l’on veut revisiter en moins de deux heures toutes les incarnations de Têtes Raides !

Le rappel, en tous cas, fut magnifique : après un petit speech bienvenu de Christian sur l’importance de la musique et des gens qui l'ont fait vivre durant la dernière année et demie, c’est… l’Iditenté, ce morceau militant co-écrit avec Noir Désir, dont le texte militant en faveur l’accueil des migrants est toujours plus essentiel en notre époque troublée : « Que Paris est beau quand chantent les oiseaux / Que Paris est laid quand il se croit français ! ».

2021 09 06 Têtes Raides Olympia (53)

Et puis, c’est… St Vincent, sublime. Un peu comme si Cohen avait été parisien au lieu de montréalais. Avant de se transformer en un nouveau jeu avec le public qui a toujours envie de chanter. On finira par la valse musette de Emily, chantée a capella, qui nous remplira encore les yeux de cette foutue eau qui n’arrête pas de couler.

Et après, quand ce fut fini, eh bien… nous n'avions plus vu depuis longtemps un public rester une bonne quinzaine de minutes après le concert, dans l'escalier de l'Olympia, en train de chanter ensemble – oui, en chœur et ad lib - Ginette : ça devait dater des débuts d'Arcade Fire, quand on braillait tous Rebellion dans ce même endroit… Et puis nous nous sommes aussi dit que c’était dommage que ce groupe n’ait pas gardé une plus grande partie de son public punk des débuts (Red Ted, avant Têtes Raides...), car il y a eu deux trois moments ce soir qui auraient pu donner des pogos d'enfer !

Magique, on vous le répète… « Et c’est tout. »

 

Les musiciens d’ARCAN sur scène :

Pierre-Antoine Combard – chant, guitare

Joel White – claviers, chants

Thibault Brandalise – batterie

Pierre-Louis Basset – basse

 

La setlist du concert d’ARCAN :

Ankara

Lost (Unfinished Songs like our Story – 2015)

Golden cloud

Haunted

Change

Expression

 

La setlist du concert de Têtes Raides :

2021 09 06 Têtes Raides Olympia (63)

En Avant (nouvelle chanson)

Zigo (Fleur de Yeux – 1993)

Je (Les Artistes – 2011)

Fulgurance (L’An Demain – 2011)

Je voudrais pas crever (Boris Vian cover)

Je chante (Gratte Poil – 2000)

Un p'tit air (Le Bout du Toit – 1996)

Journal (Mange Tes Morts – 1990)

Gino (Les Oiseaux – 1992)

Chamboultou (Chamboultou – 1998)

Dam dam (20 ans de Ginette – 2008)

Je ne veux pas (nouvelle chanson)

Georgia (Corps de Mots – 2013)

Fragile (Fragile – 2005)

Des silences (Les Terriens – 2014)

Latuvu (Fragile – 2005)

Civili (Qu'est-ce qu'on s'fait chier ! – 2003)

L'oraison (Fragile – 2005)

Bas quartiers (Mange Tes Morts – 1990)

Ginette (Not dead but bien raides – 1989)

Encore:

L'iditenté (Gratte Poil – 2000)

St Vincent (Le Bout du Toit – 1996)

Emily (Les Oiseaux – 1992)

Ce Live Report a déjà été au moins partiellement publié à l'époque du concert sur les blogs : manitasdeplata.net et benzinemag.net

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05 septembre 2021

Kim Logan & The Silhouettes / Grandma's Ashes - Samedi 4 Septembre 2021

2021 09 04 Grandmas Ashes Supersonic Affiche

On a beau avoir beaucoup aimé les soirées en plein air sur la Terrasse du Trabendo, on se sent vraiment bien en franchissant à nouveau le sas d’entrée du « vrai » Supersonic, rue Biscornet. C’est d’ailleurs aujourd’hui la troisième soirée depuis la réouverture des lieux, et on se réjouit par avance de voir le trio féminin de Grandma’s Ashes en pleine action. Dans la queue précédant l’ouverture des portes, on se rend compte que pas mal de gens sont plutôt là pour Kim Logan… Et pourquoi pas ?

2021 09 04 Nico Kimbro Supersonic (8)

20h25 : Fin du « happy hour » qui a vu la bière couler à flot, la salle est bien remplie, mais beaucoup de gens devant la scène sont les amis et la famille des musiciens du premier groupe, Nico Kimbro. Bon, Nico Kimbro c’est le nom du chanteur – joli garçon, d’ailleurs - de ce quatuor parisien qui joue un Blues Rock assez traditionnel, très coloré années 70, et porté par un bel enthousiasme, bien relayé, on l’a dit, par le public chaleureux. Ces jeunes gens jouent bien, il manque peut-être juste un peu d’originalité pour faire vraiment la différence. Néanmoins Damn, avec son riff accrocheur est une petite réussite. Une chanson en français, Sauvage, permet de sortir un peu des références systématiques aux USA, et nous permet de nous poser à nouveau la question : pourquoi les jeunes groupes français, qui chantent désormais tous en anglais, n’essaieraient-ils pas de retrouver le goût de notre langue, comme ça a été le cas dans les années 70-80-90 ? Surprise, la reprise du set, c’est le Suffragette City de Bowie, un peu décalé par rapport à la tonalité générale du set, mais exécuté avec enthousiasme, et qui fait monter la température. Le dernier morceau, Boogie Solo, joué de manière plus enlevée, montre que Nico Kimbro aurait peut-être intérêt à augmenter le niveau d’intensité, d’agressivité peut-être même de sa musique.

2021 09 04 Grandmas Ashes Supersonic (9)

21h30 : Surprise, surprise, Grandma’s Ashes ont été « rétrogradées » (si on ose dire…) en seconde position ce soir, prouvant que, décidément c’est confirmé, le gros du public est venu applaudir ce soir Kim Logan ! Mais peu importe, notre trio attaque le set avec la pugnacité – et l’élégance - qu’on attend d’elles. La musique de Grandma’s Ashes est assez inclassable, ce qui est une grosse qualité à une époque où nous croulons tous sous les références : il y a là un fond heavy metal, avec des embardées plus modernes qui évoquent le stoner rock, mais également une tendance claire à un lyrisme incandescent, en particulier dans le chant. Et quand le groupe s’embarque dans des passages instrumentaux conséquents, complexes, fracturés, on comprend pourquoi les filles citent Yes comme influence : il y a indéniablement là un aspect rock progressif qui confère à Grandma’s Ashes une vraie originalité.

Les quatre morceaux du EP The Fates seront joués ce soir, suivis par de nouvelles chansons, dont l’une, la dernière, totalement inédite. On regrettera seulement que la voix d’Eva soit sous-mixée ce soir, ce qui nous prive largement de ses vocaux du côté droit de la scène où nous sommes, mais on admirera les prouesses à la batterie d’Edith, qui, malgré un physique qui ne paie pas de mine, impressionne par sa dureté et son efficacité ! Bref, confirmation qu’on a affaire à un groupe potentiellement important de la toute jeune scène rock française !

Par la grande fenêtre / vitrine du Supersonic, on réalise que la queue Rue Biscornet est très, très longue pour pouvoir pénétrer dans un Supersonic déjà archi-bondé. Oui, Kim Logan a attiré du monde ce soir !

2021 09 04 Kim Logan Supersonic (20)

22h45 : Kim Logan c'est une chanteuse américaine largement basée à Paris, mais partageant son temps entre les USA, l’Ecosse et la France : elle a une voix soul remarquable (on raconte qu'elle chante aussi de l'opéra…) et elle joue du blues rock là encore bien enraciné dans les années 70, qui a d’ailleurs souvent des accents « classic rock ». En France, elle est accompagnée du trio local de The Silhouettes, qui fait un boulot très, très professionnel derrière elle. Le Supersonic est chaud bouillant, d'ailleurs même la température de la salle est proche de l'insupportable. Même si cette musique n'est pas vraiment notre tasse de thé, il est impossible de résister à l'intensité qui se dégage du set : l’intro de Dirty Business annonce la couleur, chant puissant, rythmique imparable et solos de guitare volcaniques. Le guitariste, qui ne s'est visiblement jamais remis d'avoir écouté Jimmy Page, fait un guitar hero parfaitement convaincant. Kim chante magnifiquement, et les très nombreux fans sont de plus en plus extatiques. Ladyboy, à la fin, plonge la salle dans l'excitation avec son petit côté Born to Be Wild, avant qu’en rappel, une reprise furieuse du classique des classiques Train kept a-Rollin transforme le Supersonic en mêlée générale. On se croirait revenus en 1974 quand Aerosmith laminait son public avec cette reprise dantesque. Bravo !

On sort de cette soirée asphyxié et transpirant, mais heureux ! Oui, avec une programmation de ce niveau, le Supersonic a encore réussi son coup, et ce soir, le bonheur était… à la Bastille !

 

2021 09 04 Nico Kimbro Supersonic (14)

La setlist du concert de Nico Kimbro :

Eyes Wide Open

This Close

‘Til I’m Dry (Live QDS – 2021)

Time to Fly (Live QDS – 2021)

Damn (Damn EP – 2021)

Clear Eyed

Sauvage (Live QDS – 2021)

Delusion

Suffragette City (David Bowie cover)

Boogie Solo (Live QDS – 2021)

 

2021 09 04 Grandmas Ashes Supersonic (13)

Les musiciennes de Grandma’s Ashes sur scène :

Eva – bass, lead vocals

Myriam – guitar, vocals

Edith - drums

 

 

 

 

 

2021 09 04 Kim Logan Supersonic (8)

La setlist du concert de Kim Logan & The Silhouettes :

Dirty Business (Shadow Work – 2020)

Better Way (Shadow Work – 2020)

Hitch Your Wagon (Shadow Work – 2020)

Pressure and Potatoes

Black Magic Boy (Kim Logan – 2012)

21st Century

Death Dream (Shadow Work – 2020)

Ladyboy (Shadow Work – 2020)

Train Kept a Rollin’ (Tiny Bradshaw cover)

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30 août 2021

Johan Asherton - Dimanche 29 Août 2021 - Secret Garden (Fontenay-aux-Roses)

2021 08 29 Johan Asherton Secret Garden (8)

« Dans quelques années, les Inrocks comprendront que nous méritons une place à côté de Heroin ou The End », déclare en plaisantant (à moitié), Johan Asherton, 63 ans, héros oublié, ou pire, ignoré du Rock français. Et, cet après-midi, nous qui nous entassons, « pass-sanitarisés » et masqués, à ce bel événement Life Is A Minestrone qui lui est consacré, il est difficile de ne pas être d’accord.

Johan est venu accompagné de Stéphane Dambry, guitariste précis, et de Loïc Kohler, bassiste joueur, pour nous interpréter la majorité des titres de son dernier album, paru l’année dernière mais encore jamais joué en public, Passiontide. Et il se pourrait même que ça soit le meilleur de toute sa longue carrière – entamée au début des années 80 -, ou en tout cas la magie qui a régné au cours de ce beau set de 1h15 nous en a tous convaincus…

Si le concert a commencé de manière discrète, avec trois reprises en solo acoustique d’anciens titres (avec en particulier le beau blues Ooh I Miss You), on sent que Johan est en train de retrouver ses marques, de replacer sa voix, cette voix riche, ample, profonde, que les années ont encore rendue plus touchante. C’est quand on attaque le vrai sujet de la soirée, les chansons de Passiontide, avec le soutien instrumental et vocal de Loïc et Stéphane, que la musique de Johan se déploie réellement dans toute sa splendeur (à noter, parmi bon nombre de plaisanteries échangées au cours du set, le fait que Joan ait qualifié ses musiciens de « Mamas & Papas » !). S’il est clair que nous n’aurons « pas d’acouphènes ce soir » - dixit Johan -, l’orchestration, même discrète, des morceaux leur rend formidablement justice, dans l’atmosphère de recueillement qui prévaut.

2021 08 29 Johan Asherton Secret Garden (7)

Premier coup de foudre pour nous, Rainbeaux, une chanson sur l’actrice de films de série B, Cheryl Smith, qui nous évoque l’élégance et la suavité de notre cher Elliott Murphy (un artiste finalement assez comparable à Johan Asherton) sur son inoubliable Night Lights. C’est dire, tout au moins à notre avis, le niveau d’excellence ! Comme Asherton peut chanter à peu près tout ce qu’il veut, il nous offre une cover majestueuse du Take A Chance With Me de Roxy Music, menée par le jeu de basse de Loïc, qui voit Joan se loger confortablement dans le costume à paillette de Bryan Ferry, mais également ajouter une sorte de profondeur mélancolique inédite… Sur Torment, après un démarrage difficile, Joan ayant du mal à retrouver la première phrase de la chanson, une évidence nous saisit : la voix, l’atmosphère, l’élégance sombre, on se sent comme dans le Coney Island Baby de Lou Reed. Oh, pas de copie, pas de plagiat, dieu merci, mais une sorte de communauté d’esprit, de rencontre de talents. Plus tard, le réjouissant Rock’n’Roll Dreams - riff velvetien, paroles emblématiques (« Listen to the Sound of your RnR Dreams ! »), et Johan qui lève le poing à la fin comme s’il était face à une foule immense sur une scène de festival – nous rappelle qu’il n’y a pas que de l’intimisme dans cette musique-là.

On aura même droit à un rappel de trois titres, qui se clôturera par une version incroyablement fine et pourtant intense de Behind Closed Doors, une chanson qui fait naître des images très cinématographiques. L’émotion est tangible parmi les spectateurs, et le mot « magie », prononcé et répété ensuite, illustrera notre sentiment à tous.

On n’a évidemment guère envie de se quitter après une si belle expérience, et on préférera rester un peu encore parler de musique avec les passionnés de Life is a Minestrone, et tous les amateurs de rock’n’roll qui sont venus partager brièvement le « Jardin Secret » de Johan Asherton.

 

2021 08 29 Johan Asherton Secret Garden (4)

Les musiciens de Johan Asherton :

Johan Asherton – voix, guitare

Stéphane Dambry – guitare, voix

Loïc Kohler – basse, voix

 

La setlist du concert de Johan Asherton :

Down at the Liquor Store (Precious – 1989)

Ooh I Miss You (Johan Asherton’s Diamonds – 2015)

Master of Strokes (Trystero’s Empire – 2002)

We Never Spoke (Passiontide – 2020)

Rainbeaux (Passiontide – 2020)

Casanova (Passiontide – 2020)

Take a Chance With Me (Roxy Music cover)

Torment (Passiontide – 2020)

Nightfall (Passiontide – 2020)

Creased (Passiontide – 2020)

All Your Rock'n'Roll Dreams (Johan Asherton’s Diamonds – 2015)

Passiontide (Passiontide – 2020)

Encore :

From Blendheim Crescent to Cheyne Walk (God’s Clown – 1988)

Life of the Party (Johan Asherton’s Diamonds – 2015)

Behind Closed Doors (Passiontide – 2020)

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29 août 2021

The Underground Youth / Péniche en Soirée Take Me Out - Samedi 28 Août 2021 - Terrasse du Trabendo

Et voilà, this is the end, beautiful friends : le Supersonic remballe ses gaules, se préparant à regagner ses pénates à la Bastille. C'est la dernière soirée Take me Out de 2021, on espère la dernière pour toujours, car ça voudrait dire que la pandémie nous lâcherait un peu la grappe, enfin ! Et pourtant, on les abandonnera avec regret, ces concerts en plein air, qui, sur ces deux années difficiles, nous ont permis de retrouver les plaisirs de la musique live, envers et contre tout.

Il y a beaucoup de monde ce soir, pour cet adieu, et pour Sonic Velvet, pardon The Underground Youth. Et malgré les températures qui ne sont vraiment pas de saison, et les gouttelettes de pluie qui se pointent de temps en temps, il règne une atmosphère heureuse sur la Terrasse du Trabendo.

2021 08 28 Péniche Supersonic @ Trabendo (7)

20h30 : Péniche, le trio d'Angers amoureux de la Vendée et de la mer, on les avait découvert il y a un an à Rock In The Barn, eux et leur post-punk (ou post-rock ?) instrumental et pas anglo-saxon pour un rond. Mais ils sont beaucoup plus impressionnants dans la nuit parisienne alors que la pluie menace qu'au chaud soleil d'une superbe après-midi normande : question d'atmosphère, bien entendu, à moins que ces jeunes gens aient encore progressé depuis la dernière fois. En tous cas, ils nous ont offert 40 minutes d'ivresse, de navigation épique au milieu des embruns, sous les coups de tonnerre, et en affrontant des menaces sous-marines ineffables. Succession ininterrompue de tempêtes sonores du plus bel effet, navires éventrés sur les récifs alors que montent les cris des marins damnés, les images s'accumulent, l'imagination travaille. Toujours intense, régulièrement spectaculaire même, grâce au "jeu de scène" envoûté des musiciens, parfois hystérique quand la batterie s'emballe, voilà une musique qui raconte des histoires et implique aussi bien le corps et la tête. La basse est tellurique, selon l'expression consacrée, la guitare crie et pleure, et le public de la terrasse du Trabendo est noyé. Et heureux. Et en plus, quels titres : Vendée Globe, Cargo, le Phare ! Tous des tubes, comme le répète ironiquement le groupe. Des tubes ? Peut-être pas, mais ils le mériteraient.

2021 08 28 The Underground Youth Supersonic @ Trabendo (5)

21h45 : The Underground Youth, c’est à l’origine un couple de Mancuniens, Craig et Olya Dyer, qui ne se sont jamais remis de la musique très sombre des années 80, et perpétuent une tradition allant de Joy Division à The Jesus and Mary Chain, en passant par Bauhaus. Olya est à la batterie, c’est-à-dire un kit minimal derrière lequel elle est debout et sur lequel elle frappe rythmiquement comme Moe Tucker nous a appris qu’il était super cool de le faire. Aujourd’hui basés à Berlin – ce qui permet à The Underground Youth de jouer à Paris en dépit des barrières administratives causées par le Brexit -, le couple est passé à un format de quatuor, et a considérablement durci sa musique, qui a pris ce soir des allures de bacchanale électrique joliment assourdissante.

2021 08 28 The Underground Youth Supersonic @ Trabendo (13)

Jouant dans une quasi obscurité assez rituelle pour ce genre de musique – ce qui ne réjouira pas tous ceux qui auraient aimé conserver des souvenirs photographiques de la soirée -, plutôt élégants sur scène, grâce en particulier à un bassiste à la présence imposante qui ne ménage pas ses mouvements, The Underground Youth souffre néanmoins d’une trop grande uniformité de son set, qui va peu à peu, malgré notre enthousiasme initial, plonger une grande majorité du public dans une sorte d’ennui poli : pas assez d’accélérations rythmiques, ni de montées en intensité (on a dû compter trois moments en tout et pour tout sur un set de 1h10 où Craig a eu l’air de s’énerver un peu !), juste une longue litanie de morceaux à la rythmique semblable où le chant lugubre – façon Peter Murphy – de Craig finit par lasser.

Si la toute fin du set a amélioré un peu notre impression générale, Craig étant venu au contact des premiers rangs, et le rappel ayant inclus un morceau un peu plus punk rock, la seule véritable satisfaction qu’on ait tiré de ce concert paradoxalement trop long est le niveau sonore délicieusement excessif. C’est déjà bien, mais ce n’est clairement pas suffisant. Et puis, admettons aussi que, quel que soit l’amour que nous avons tous porté à la cold wave ou au rock psyché des années 80/90, il serait temps pour The Underground Youth de passer à autre chose, non ?

Mais cette petite réserve ne nous empêchera pas de célébrer une dernière fois le travail formidable effectué encore cette année par les équipes du Supersonic et du Trabendo, pour nous abreuver en musiques formidables. Ni le bonheur que nous avons tous profondément ressenti hier soir à retrouver un peu un sentiment de « normalité », de communauté unie par l’amour de la musique.

 

2021 08 28 Péniche Supersonic @ Trabendo (11)

Les musiciens de Péniche sur scène :

Axel Pasquier - Batterie

Xavier Murier - Basse

Lucas Pineau - Guitare

 

La setlist du concert de Péniche :

Petite Annick (Atlas – 2020)

Le Havre (Atlas – 2020)

C’est pas des Arêtes, c’est des Muscles

Deuxième étoile de mer

Vendée Globe

Requin

Eau

Cargo (Atlas – 2020)

Le Phare (Atlas – 2020)

Vareuse

Ecluse

 

2021 08 28 The Underground Youth Supersonic @ Trabendo (11)

Les musiciens de The Underground Youth sur scène :

Craig Dyer – Chant, guitare

Olya Dyer - Batterie

Max James – Basse

??? - guitare

 

La setlist du concert de The Underground Youth :

Sins (Montage Images Of Lust & Fear – 2019)

Last Exit to Nowhere (Montage Images Of Lust & Fear – 2019)

Morning Sun (Sadovaya – 2010)

Delirium (Delirium – 2011)

The Outsider (What Kind of Dystopian Hellhole Is This? – 2017)

Alice (What Kind of Dystopian Hellhole Is This? – 2017)

Collapsing Into Night (Haunted – 2015)

Hope & Pray (Mademoiselle – 2010)

I Need You (Delirium – 2011)

Half Poison, Half God (What Kind of Dystopian Hellhole Is This? – 2017)

Strangle Up My Mind (Delirium – 2011)

Art House Revisited (Sadovaya – 2010)

Egyptian Queen (The Falling - 2021)

Mademoiselle (Mademoiselle – 2010)

The Death of the Author (Montage Images Of Lust & Fear – 2019)

Ce Live Report a déjà été au moins partiellement publié à l'époque du concert sur les blogs : manitasdeplata.net et benzinemag.net

Posté par Excessif à 07:17 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
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