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Play It Loud !!!! Le rock'n'roll, c'est fait pour la scène...
1 février 2019

Editors - Vendredi 23 Mars 2018 - Olympia (Paris)

2018 03 23 Editors Olympia Billet« L'amour des groupes de rock, c'est comme l'amour tout court, ça va, ça vient : on est passionné, on se lasse, on va voir un peu ailleurs, et puis ça peut être la rupture. Ou bien le retour bien sagement au bercail... pour découvrir que tout a changé, que rien n’est plus comme avant… Tenez, prenez le cas d'Editors, ça a démarré avec un gros, gros coup de foudre (“The Back Room”, “An End Has a Start”), avec un très fort sentiment d'urgence qui nous fait nous sentir très jeunes à nouveau. Et puis la musique d’Editors a changé (“In This Light…”), ce qui est bien : il faut varier les plaisirs, éviter de tomber dans la routine, la répétition stérile. Malheureusement les claviers sont devenus envahissants, la voix de Tom Smith a tout envahi, le bon esprit Rock s’est évanoui : on a lâché l'affaire, sans trop de regrets. Et puis voilà, en mars 2018, Editors sort un sacré bon disque ("Violence"), un disque particulièrement inspiré, sans pour autant revenir à ses racines post-punk. Tom Smith continue de regarder ailleurs, assume l'héritage de Bowie, voire même du prog rock, tout en insistant pour sonner “moderne”... et on se sent retomber amoureux. Il faut absolument vérifier ça "sur pièce" : l'Olympia sera l'écrin parfait pour de vraies retrouvailles après un flirt rapide à Rock en Seine en 2016. Le problème évidemment, c'est qu'on n'est pas tout seul sur le coup, et le premier rang est dur à assurer, même en arrivant tôt. Le prix à payer pour retrouver une ancienne passion qui a suivi son chemin sans nous, quoi !

2018 03 20 Public Service Broadcasting Olympia (28)20h00 : Public Service Broadcasting, ce sont trois Anglais plus un écran sur lequel sont projetés des clips video - disons "historiques" - qu'ils illustrent par un accompagnement instrumental, généralement complété par des extraits de vieux enregistrements de discours de propagande ou de publicités télévisées… Bref un truc furieusement conceptuel, probablement assez “tongue in cheek”, puisque J. Willgoose Esq. (si, si !), un ex producteur de BBC World Service, prétend, je cite, « vouloir apprendre des leçons du passé au travers de la musique du futur » ! On pourrait a priori attendre du post rock façon Godspeed You Black Emperor, mais on est plutôt dans l'exploration - techniquement impeccable, il faut le souligner - de divers genres, allant du krautrock (de plus en plus à la mode) au funk en passant par le rock indie noisy. Le grand attrait de cette musique instrumentale assez austère est la section rythmique, et en particulier une batterie puissante qui confère une vraie vie à ce qui ressemblerait plus sinon à de purs exercices de style : sur le bien nommé Go!, décollage électro-rythmique assez irrésistible en effet, Public Service Broadcasting arrive d’un coup à soulever l’ensemble du public de l’Olympia et recueille les fruits de son obstination. Dommage que tout n’ait pas été du même calibre ! Bref, on a saisi le concept, on a apprécié la virtuosité technique, mais au bout d'une demi-heure on a fini par s'ennuyer un peu. Tout cela est sans doute un peu trop calculé, trop cérébral.

2018 03 23 Editors Olympia (16)21h00 : la belle salle de l’Olympia est pleine à craquer et bruisse d’un indiscutable sentiment d’excitation générale. Même si le public n’est pas tout jeune, je dois admettre que Editors a atteint un certain niveau de popularité, et que sa métamorphose électronique lui a été bénéfique sur ce point-là. Le rideau se lève sur une scène décorée de manière assez impressionnante par une accumulation de formes métalliques vaguement menaçantes. Editors reste basé sur son trio initial, le massif Russell Leech à la basse sur la droite, le redoutable Edward Lay derrière ses fûts, constituant à eux deux une remarquable section rythmique (même si pas mal d’électronique y est ajoutée…), et le spectaculaire Tom Smith, qui me paraît d’entrée bien allumé ce soir. L’irremplaçable Chris Urbanowicz a donc été remplacé depuis cinq ans par la paire Justin Lockey, guitariste transparent et quasi inaudible sur scène (alors qu’il est placé juste en face de moi !) et Elliott Williams aux claviers, invisible d’où je suis… Les lumières sont basses, principalement dans les bleus et les rouges, un cauchemar pour les photos, mais une ambiance spectaculaire garantie !

On attaque avec le stupéfiant (au moins sur l’album…) Hallelujah (So Low), du genre Muse rencontre Peter Gabriel, avec ses attaques soniques dantesques, malheureusement réduites à leur plus simple expression ce soir du fait d’une sono déficiente – ça restera le cas tout le set, ce son vraiment trop peu puissant pour la musique de Editors – et une balance mal faite (défaut rapidement réglé, heureusement). Cette petite frustration digérée, Tom attaque… un titre peu convaincant du faiblard "The Weight of Your Love”, et je me rappelle d’un coup pourquoi j’avais alors abandonné le groupe : cette emphase romantoc à la Simple Minds, même si ça plaît encore à une bonne partie du public, c’est vraiment déplacé à notre époque ! Je serre des dents, me disant que cette soirée a peut-être bien été une erreur…

2018 03 23 Editors Olympia (51)… jusqu’à Violence, magistral, qui s’allonge dans une transe électronique que ne renierait pas New Order, et qui me rassure : le nouvel album n’est pas un leurre, il y a quelque chose qui se passe à nouveau chez Editors. La température dans la salle monte d’un cran, les bras commencent à se lever – toujours un bon signe, ça, les bras qui se lève ! Le set bifurque alors dans une exploration en quatre titres des deux premiers glorieux albums, et il faut bien admettre que, même si nous sommes tous heureux d’entendre à nouveau les mélodies de Munich ou An End has a Start, il ne reste plus grand-chose de la force et de l’urgence sublime sans la guitare d’Urbanowicz et avec la manière histrionique dont Tom les chante : un non-événement, finalement, et cet Editors-là est bel et bien mort et enterré !

Curieusement, car ce n’est pas un titre forcément essentiel dans la discographie de Editors, ce sera In this Light… avec ses synthés sépulcraux qui remettront le concert sur la bonne voie, confirmant que le présent d’Editors est bel et bien électronique, au grand dam de nos cœurs de rockers passionnés pour les guitares bruyantes. Tom Smith est complètement dans l’outrance désormais, dans une théâtralité permanente, qu’on peut juger un tantinet forcée, mais qui a le mérite d’appuyer sur tous les boutons qu’il faut quand il s’agit d’exciter les spectateurs ! Finalement, Tom a gardé ces gestes et ces poses convulsives qui nous rappelaient feu Ian Curtis, mais il a maintenant la présence scénique d’un Peter Gabriel post-Genesis : une référence étonnante, mais qui m’a sauté aux yeux. Et puis c’est ce qui sera pour moi le sommet musical de la soirée, une version stupéfiante de Nothingness, bien supérieure cette fois à celle de l’album. La voix de Tom a désormais des accents soul, et la conjugaison de cette exacerbation des sentiments avec l’orchestration électronique est absolument parfaite : « We wait in line for nothingness / this angel needs some tenderness, tenderness » sera sans doute la phrase de la soirée, celle qui me restera en mémoire toute la nuit. Marrant, il y a à ce moment-là sur scène quelque chose de l’intensité émotionnelle d’un Future Islands… ce qui montre combien Editors a évolué par rapport à ses débuts post punks.

2018 03 23 Editors Olympia (83)The Racing Rats, insignifiant malgré la ferveur du public, confirme encore que Editors a bel et bien passé son chemin, et le set principal se termine sur un Ocean of Light vraiment trop bas du front, trop facile, même si je dois dire que toute l’Olympia est aux anges, et que Editors a complètement gagné les cœurs ce soir. Y compris le mien, en fait.

Un rappel copieux, qui ne commence pas très bien, tant la version solo (à la guitare acoustique) du superbe No Sound but the Wind est gâchée par l’outrance avec laquelle Tom chante : ce cirque théâtral n’est vraiment pas nécessaire quand on a une si belle chanson ! Heureusement, les quatre derniers titres de la soirée seront absolument parfaits : Cold est un morceau sublime, certainement l’un des meilleurs de toute la discographie de Editors, Magazine transcende complètement, grâce à l’enthousiasme des fans (même le balcon de l’Olympia est debout maintenant), son statut de single assez mal choisi, et… Papillon, bien entendu, vient nous inonder de joie, nous mettre même les larmes aux yeux. La nuit se terminera par un Marching Orders springsteenien, idéal pour créer ce sentiment de communion un peu basique qui reste quand même incontournable lorsqu’un concert de Rock est réussi…

En quittant la salle, j’entends les inévitables vieux punks – dont je fais partie, je sais, je sais – déplorer le manque de présence des guitares : ils n’ont pas tort, mais, à condition d’admettre que Editors est un groupe parfaitement de notre époque, préoccupé de modernité, pour le meilleur et pour le pire, force est d’admettre que le concert de ce soir a été une démonstration de force. Tom Smith, même s’il a abandonné les tonalités sépulcrales qui firent sa réputation, et même s’il en fait décidément trop sur scène, reste un chanteur et un showman passionnant. S’appuyant sur de nouvelles chansons ayant retrouvé l’excellence des premières années, Editors est un groupe sur lequel il faut à nouveau compter…

« This life requires another name / oh, I got lucky this time in the hunt for atonement »

Il reste encore tant de chansons tristes à composer… »

 

Les musiciens de Public Service Broadcasting sur scène :

J. Willgoose Esq. – guitar, keyboards

Wrigglesworth - drums

JF Abraham – bass guitar, trumpet

 

La setlist du concert de Public Service Broadcasting :

People Will Always Need Coal (Every Valley – 2017)

Progress (Every Valley – 2017)

Spitfire (Inform-Educate-Entertain – 2013)

Go! (The Race for Space – 2015)

Gagarin (The Race for Space – 2015)

Everest (Inform-Educate-Entertain – 2013)

 

2018 03 23 Editors Olympia (162)Les musiciens de Editors sur scène :

Tom Smith - chant, guitare, piano

Russell Leetch - basse, synthétiseur, chœurs

Edward Lay - batterie, percussions, chœurs

Justin Lockey - guitare

Elliott Williams - claviers, synthétiseur, chœurs

 

La setlist du concert de Editors :

Hallelujah (So Low) (Violence – 2018)

A Ton of Love (The Weight of your Love – 2013)

Darkness at the Door (Violence – 2018)

Formaldehyde (The Weight of your Love – 2013)

Violence (Violence – 2018)

No Harm (In Dream – 2015)

Lights (The Back Room – 2005)

Blood (The Back Room – 2005)

Munich (The Back Room – 2005)

An End Has a Start (An End Has a Start – 2007)

In This Light and on This Evening (In This Light and on This Evening – 2009)

Eat Raw Meat = Blood Drool (In This Light and on This Evening – 2009)

Nothingness (Violence – 2018)

Belong (Violence – 2018)

Sugar (The Weight of your Love – 2013)

The Racing Rats (An End Has a Start – 2007)

Ocean of Night (In Dream – 2015)

Encore :

No Sound but the Wind (Tom solo) (Violence – 2018)

Cold (Violence – 2018)

Magazine (Violence – 2018)

Papillon (In This Light and on This Evening – 2009)

Marching Orders (In Dream – 2015)

 

Compte-rendu publié à l'époque sur le blog manitasdeplata.net

 

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Commentaires
B
il faut du changement parfois ...👍👏💋
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F
Je ne connais pas ce groupe, mais toutes tes chroniques bien écrites vont sûrement me donner l’envie d’en écouter de nouveaux. Merci 😊
Répondre
Play It Loud !!!! Le rock'n'roll, c'est fait pour la scène...
  • Depuis que j'ai 15 ans, ce qui nous fait un bail, je fréquente les salles de concert de par le monde, au gré de mon lieu de résidence. Il était temps de capturer quelque part tous ces grands et petits moments d'émotion, de rage, de déception, de plaisir...
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