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Play It Loud !!!! Le rock'n'roll, c'est fait pour la scène...
16 août 2017

P.J. Harvey - Vendredi 21 Octobre 2016 - Zénith (Paris)

2016 10 21 PJ Harvey Zenith Billet« Cela fait maintenant combien d'années que je suis P. J. Harvey ? Une grosse vingtaine ? Un peu plus ? Qui aurait cru en tout cas que la jeune femme en colère du rugueux "Dry" deviendrait une artiste d'une telle ampleur, continuant en 2016 à créer des musiques différentes, pertinentes, engagées dans tous les sens du terme ? Ce sera seulement la cinquième fois que je la vois sur scène, ce soir dans un Zénith... qui a peiné à se remplir : un choix de salle certainement un peu ambitieux pour quelqu'un d'aussi exigeant - donc clivant - que l'ex-sauvageonne du Dorset. Mais je compte bien en profiter !

Obligé d'acheter une place dans les gradins, la fosse étant sold out, je stresse un peu à l'entrée du Zénith... en tuant agréablement le temps en compagnie de l'ami Vincent avec lequel j'échange des propos un peu désabusés sur l'état actuel du Rock. Pas besoin de m'inquiéter en fait : personne, lors du contrôle pourtant sérieux à l'entrée (intérieure) de la salle ne se préoccupera de me voir filer vers le premier rang au lieu de remonter vers les gradins. Tant mieux : me voici idéalement placé, presque au centre. Une petite heure et demi d'attente avant P.J., puisque ce soir, alléluia ! Il n'y a pas de première partie...

2016 10 21 PJ Harvey Zenith (7)20h45 : 15 minutes de retard, ce n'est pas beaucoup, mais ça énerve bien le public quand même, tout le monde ayant reçu au moins deux e-mails au cours des derniers jours avertissant que P. J. Harvey serait sur scène à 20h30, qu'il ne fallait pas arriver en retard, bla bla bla... Heureusement, l'entrée en scène des musiciens, en file indienne et frappant sur des percussions ou soufflant dans des cuivres sur Chain of Keys, l'intro du dernier - et excellent - album de P. J., est plutôt spectaculaire... surtout quand on se rend compte que l'un des saxos qui se place dans le fond, devant les batteries, eh bien c'est P. J. ! Elle s'avance ensuite sur le devant de la scène, derrière l’un des micros qui est juste en face de moi (coooool !) pour attaquer le set. Bon, il faut tout de suite évacuer les choses qui risquent de fâcher : la tenue vestimentaire de P. J.... Imaginez un elfe - mais noir - tout droit sorti des rêves humides de Peter Jackson ayant trop abusé de l'hydromel, et vous êtes encore au-dessous de la bizarrerie du truc !  Les petites tresses fixées par des pinces feuillues sur le côté de la tête qui font des petites cornes, les longues manches qui tombent jusqu'au sol, les bottines à semelles compensées un peu "space", les jambes nues très haut (découvrant même à l'occasion un peu de la fesse...), tout cela fleure bon le délire sous acide : on est loin de la rockeuse austère des débuts ou même du look de panthère sexy qui immortalisa P. J. comme symbole de la femme moderne et dure. Je me demande même si ça n'est pas même un peu embarrassant, l'avancée de l'âge commençant à se noter. Et l'attitude scénique de P. J., tout au long du set, une sorte d'extase fascinée vaguement new age, avec des jeux de mains et poses pénétrées, n'arrange rien...

2016 10 21 PJ Harvey Zenith (41)Heureusement, ce mauvais karma est immédiatement balayé par la musique : quand les trois guitares attaquent l'intro cisaillée de The Ministry of Defence, c'est un frémissement intense de bonheur qui me parcourt l'échine - je ne dois pas être le seul : quelle puissance et quelle beauté dans ce début de concert ! Je m'accroche à la barrière pour profiter au mieux de ce qui s'annonce indiscutablement comme l'un des grands sets de la saison. Et les titres de "The Hope Six Demolition Project" défilent, magistraux (quel grand album !) et magistralement interprétés. Sur scène, pas moins de neuf musiciens - qui changent régulièrement d'instruments - et donc deux batteries, trois guitares (souvent), deux claviers et deux ou trois cuivres suivant les chansons : de quoi nous décoiffer avec un son aussi puissant que subtil (encore qu'un niveau sonore un peu plus élevé aurait été souhaitable, comme bien souvent malheureusement en nos contrées...). Il faut dire qu'il y a du beau monde sur scène : d'abord l'une de mes idoles personnelles, Mick Harvey, en congé des Bad Seeds de Nick Cave, faisant élégamment la gueule comme de coutume et brillant aux claviers, basse et backing vocals (avec l'âge, il a quelque chose d'un James Caan vieillissant, je trouve). Ensuite, l'étrange Alain Johannes qui a même apporté avec lui son habituelle guitare bricolée dans une caisse à savon. Enfin, le fidèle lieutenant de P. J., John Parish, que les années ont amaigri, mais qui reste incontournable à la guitare, et qui surveille du coin de l'œil sa princesse, avec un éclair d'inquiétude parfois dans le regard. Mais les autres musicos ne sont pas des manches non plus, croyez-moi ! En fait, c'est même l'excellence très contrôlée de la musique qui peut provoquer quelques réserves : tout est parfait, mais on aurait peut-être apprécié un peu de relâchement, voire un zeste de franche générosité pour pimenter ce concert excessivement dans la maîtrise.

Et ce d'autant qu'on est maintenant entrés dans le "ventre mou" du set, comme me le fera justement remarquer mon voisin, un New Yorkais profitant de son passage à Paris pour être là ce soir : les chansons de "Let England Shake" s'intègrent certes naturellement dans le contexte, mais la magie retombe un peu, le concert prenant alors un peu l'allure d'un vol en pilotage automatique. La concentration de P. J. sur son chant (magnifique) justifie sans doute son immobilité et l'absence de tout échange avec le public, mais tout cela semble de plus en plus froid. Heureusement, les deux titres les plus forts de "The Hope Six Demolition Project", The Wheel et The Ministry of Social Affairs avec ses solos de saxo stoogiens, nous réveillent. C'est alors que...

2016 10 21 PJ Harvey Zenith (87)... John Parish attaque le riff de 50 ft. Queenie, qui fait évidemment basculer le public du Zénith (moyenne d'âge 40 ans, je dirais à vue de nez, donc les débuts de P. J. furent leur initiation au rock dur) dans le bonheur. Même P. J. retrouve presque son sourire avec sa voix "normale", abandonnant pour quelques chansons son nouveau timbre vocal super haut. Trois minutes de bonheur intense, de grand frisson même, qui rappelle combien P. J. a été indispensable quand elle se construisait en héritière de la grande Patti Smith. On enchaîne avec deux joyaux de "To Bring You My Love", avant de revenir encore à "The Hope Six Demolition Project" : le superbe River Anacostia avec ses vocaux très Bad Seeds (justement), est une excellente conclusion à ce set, avec un adieu théâtral de la petite troupe et une sortie en file indienne. P. J. nous a enfin gratifié d'un vrai sourire, qu'on aura quand même attendu pendant 1h25.

Nous sommes prêts pour un bon rappel, avec quelques reprises bien sanglantes, mais P. J. ne nous accordera que deux titres, sans trop de conviction (bon, j'avoue que je n'aime pas trop l’album "Is This Desire"...). C'est dommage, on est passé tout près d'un vrai grand concert, mais P. J. n'était sans doute pas trop d'humeur ce soir (…même si j'ai apprécié que la présentation des musiciens soit faite en français : toujours une marque de respect pour le public, ça !).

Voilà, c’est fini, c’était donc la cinquième fois que je voyais P. J. Harvey sur scène, et les quelques réserves que j’ai émises plus haut n’empêchent un sentiment de plénitude et de force. Voilà près de 25 ans que P. J. tutoie les étoiles, et ça n’a pas l’air près de finir. A quand notre sixième rencontre ? »

 

2016 10 21 PJ Harvey Zenith (35)La setlist du concert de P. J. Harvey :

Chain of Keys (The Hope Six Demolition Project – 2016)

The Ministry of Defence (The Hope Six Demolition Project – 2016)

The Community of Hope (The Hope Six Demolition Project – 2016)

The Orange Monkey (The Hope Six Demolition Project – 2016)

A Line in the Sand (The Hope Six Demolition Project – 2016)

Let England Shake (Let England Shake – 2011)

The Words That Maketh Murder (Let England Shake – 2011)

The Glorious Land (Let England Shake – 2011)

Written on the Forehead (Let England Shake – 2011)

To Talk to You (White Chalk – 2007)

Dollar, Dollar (The Hope Six Demolition Project – 2016)

The Devil (White Chalk – 2007)

The Wheel (The Hope Six Demolition Project – 2016)

The Ministry of Social Affairs (The Hope Six Demolition Project – 2016)

50ft Queenie (Rid Of Me – 1993)

Down by the Water (To Bring You My Love – 1995)

To Bring You My Love (To Bring You My Love – 1995)

River Anacostia (The Hope Six Demolition Project – 2016)

Encore:

The River (Is This Desire? – 1998)

Is This Desire? (Is This Desire? – 1998)

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Commentaires
Play It Loud !!!! Le rock'n'roll, c'est fait pour la scène...
  • Depuis que j'ai 15 ans, ce qui nous fait un bail, je fréquente les salles de concert de par le monde, au gré de mon lieu de résidence. Il était temps de capturer quelque part tous ces grands et petits moments d'émotion, de rage, de déception, de plaisir...
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