« Après le live « Urk », flashback ideal sur la carrière du groupe jusqu’à nos jours, et le départ de leur bassiste pourtant toute nouvelle (des problèmes de santé, aurait-on entendu ?), le trio de base des Nits se retrouve à un carrefour... difficile. Le dernier album, leur moins bon à ce jour, n’offre qu’une petite ébauche de solution. Et ce concert, chez bien d’autres groupes, aurait été une simple et triste confirmation de l’incertitude musicale dans laquelle sont plongés les musiciens. Chez d’autres... car les Nits ont toujours cette « magic touch » qui transforme chaque moment – ou presque – en un petit joyau qu’on chérira longtemps ensuite...
Ce soir, on parcourt donc en zig zag l’intégralité de « Giant Normal Dwarf », avec quelques gourmandises du passé régulièrement distribuées tous les deux ou trois morceaux : un Sketches of Spain épuré et grandiose, un The Train époustouflant, ou encore en final, un Pelicans & Penguins de pur délire avec son tumulte de guitares... Le risque, avec cette visite guidée du très atmosphérique dernier album, c’est de frôler l’inconsistance et donc l’ennui poli... Mais, miracle, les mélodies (un peu trop) subtiles de l’album semblent s’épanouir sur scène, et le festival d’effets (speciaux) musicaux délivrés par le toujours brillant Rob Jan Stips réussit à nous surprendre, à nous éblouir.
Quelques maladresses, comme cette interminable introduction de Long Forgotten Story sur un ballet de robots, ne réussiront pas à ternir l’habituel sentiment de bonheur que fait naître toute prestation scénique des petits magiciens pop hollandais.
A témoin cette extraordinaire apparition, à la fois grotesque et touchante, de Henk Hofsteded, pour le seul inédit de la soirée (quelque chose comme The King Of Belgium ?), qui illustre parfaitement la transfiguration qui peut s’opérer quand la pop la plus parfaite se réconcilie avec l’excitation du spectacle... Après cela, la conclusion laid-back de Norwegian Wood semblait presque trop évidente ! »