« Un concert de ABC le jour de la St Valentin, et dans l’écrin un peu suranné du Casino de Paris, on ne peut guère rêver mieux pour cette musique à la fois précieuse et (commercialement) évidente, toute faite à l’usage des amoureux transis et des… poseurs avides de glamour. Sur scène, malgré le décorum (un mini-orchestre symphonique) qui trahit une certaine ambition – trancher avec la musique électronique des garçons-coiffeurs contemporains, point de réelle surprise : Martin Fry, qu’on découvre sans véritable élégance, s’acharne à faire son petit Bowie ou son Bryan Ferry, sur une musique qui se veut pétillante comme du champagne, mais devient un banal mousseux tant elle s’alourdit sans la touche magique de la production stylisée de Trevor Horn. Non, il est ce soir évident que ABC n’est pas un groupe – je sens que je suis injuste vis-à-vis de Mark White et Stephen Singleton, co-fondateurs de ABC, mais c’est l’impression que je retire de ce concert -, juste un concept, à la fois crétin (trop de chantilly sur le gâteau… et ces costumes scintillants d’un mauvais goût ravageur !) et génial (quelles chansons : The Look of Love, Tears are not Enough, 4 Ever 2 Gether, et toutes les autres… !), né de l’esprit d’un jeune anglais ordinaire, parfait faiseur et glamour-star frustrée. "The Lexicon of Love" a été un disque incomparable – et le restera sans doute malgré l’usure du temps ; je n’ai pas été convaincu de l’utilité de le reproduire "live"… même pour la St. Valentin. »