« Week-end du 15 août, nous sommes sur les routes de l’Ouest de la France, et nous allons donc en profiter pour nous offrir un vrai grand plaisir : voir enfin sur scène l’un des groupes “pop” les plus excitants de la décennie, les Anglais de XTC, responsables en particulier d’un chef d’œuvre absolu de new wave décomplexée et inventive, “Drums and Wires”. Et du coup, ce qui ne se refuse pas, nous pourrons voir aussi en tête d’affiche les super stars de The Police… Seul petit problème, ce double programme excitant est intégré dans une sorte de “mini festival itinérant” sur les sites touristiques de l’Europe du Sud, curieusement intitulé “Reggata d’Eté”, alors qu’il est évidemment bien difficile d’associer la pop acide et aigue de XTC aux musiques festives…

La Beaujoire est une énorme salle d’exposition, de concerts, etc. située dans les banlieues lointaines de Nantes, et le moins qu’on puisse dire en pénétrant dans un immense hall déjà bien rempli, c’est que pour la convivialité, on repassera. Nous réussissons à trouver un m2 et demi pour nous asseoir au milieu de la foule déjà bien dense, et nous prenons notre mal en patience. L’après-midi et la soirée promettent d’être longues. Skafish ne me laissera pas un souvenir impérieux, c’est sûr, et The Beat, un groupe ska dont j’ai apprécié l’album, n’est pas mal, mais le côté festif du ska survit mal au béton mal sonorisé de ce genre d’endroit. Dommage, il faudra les revoir, et en particulier papy Saxa, à la présence scénique notable…

Voici plus de 3 heures que nous sommes là, déjà courbatus et fatigués, quand enfin, Partridge, Moulding et consorts pénètrent sur scène, et immédiatement, l’adrénaline m’envahit et l’excitation – anticipée - des grands concerts m’envahit. Aucune déception, heureusement, XTC est tout simplement monstrueux sur scène : un son agressif et tranchant, qui franchit la barrière de la salle, des voix impeccables qui assurent les mélodies imparables des grandes chansons du groupe, et surtout une belle énergie qui rappelle que, bien que furieusement pop, cette musique a trouvé naissance dans le mouvement punk, quand sincérité et spontanéité ont repris le dessus par rapport à la perfection technique et aux ambitions musicales. Sauf que XTC, en plus, c’est fantastiquement bien joué – la guitare de Partridge, parfois critiquée pour ses crissements et ses rythmes non conventionnels, est en fait impériale – et terriblement ambitieux de par cette complexité étonnante injectée au cœur de mini-machines à chanter en chœur. Une heure plus ou moins de bonheur ininterrompu pour moi, même si je dois avouer que seule une fraction du public suit vraiment, la vaste majorité des Nantais et des touristes étant clairement venus pour The Police. Grand moment de la soirée : Helicopter, tuerie furieuse qui me rend dingue, et je fais les palles de l’hélicoptère avec mon pull au-dessus des têtes de mes voisins assis par terre. Crazy, le mec !

Bon, maintenant il faut s’enfiler le reggae gentillet et bien propre sur lui des très proprets UB40. Rien de désagréable, évidemment, mais le moins qu’on puisse dire, c’est que ça fait retomber la pression…

Le soir a fini par tomber et la grande salle de la Beaujoire – largement vitrée - est maintenant obscure, parfaite pour accueillir le grand événement que tout le monde attend : The Police ! (enfin, tout le monde sauf moi, déjà largement comblé par la performance de mes chéris de XTC). Le fait est qu’on change d’échelle, tant du niveau éclairages que jeu de scène (Sting est particulièrement bondissant, et Copeland est spectaculaire derrière son drum kit…), et même spectre sonore, puisque Police est un trio techniquement éblouissant, qui a créé un son à nul autre pareil, à la fois chaleureux (les racines reggae) et technologiquement avancé. Et la voix de Sting, finalement assez tremblante, mal assurée, propose un contre-point bienvenu à l’aspect impérieux de la musique. Le problème, c’est que… rien ne passe vraiment au niveau émotions : est-ce à cause d’un démarrage un peu déstabilisant avec deux nouvelles chansons pas vraiment convaincantes ? Sans doute pas, parce que lorsque les tubes merveilleux arrivent, très rapidement, la magie ne naît pas non plus. Le public autour de moi semble ravi, mais le groupe semble en pilotage automatique, et je sombre peu à peu dans un demi-ennui. Est-ce moi ? La fatigue après cette longue fin d’après-midi ? Le trop plein de bonheur avec XTC ? Toujours est-il que je n’arriverai pas à entrer dans le concert, et que je sortirai plus tard passablement déçu par un groupe que je continue pourtant à “bien aimer”. Bref, une rencontre ratée… »

Les musiciens de XTC sur scène :

Andy Partridge – voix, guitare

Colin Moulding – basse, voix

Dave Gregory – claviers, guitare

Terry Chambers - batterie

Les musiciens de The Police sur scène :

Stewart Copeland – drums, percussion, backing vocals

Sting – lead vocals, bass guitar, double bass

Andy Summers – guitars, backing vocals

La setlist (partielle ?) du concert de The Police :

Voices Inside My Head (new song)

Don't Stand So Close to Me (new song)

Walking on the Moon (Regatta de Blanc – 1979)

Deathwish (Regatta de Blanc – 1979)

Fall Out (single – 1977)

Bring on the Night (Regatta de Blanc – 1979)

De Do Do Do, De Da Da Da (new song)

Truth Hits Everybody (Outlandos d’Amour – 1978)

The Bed's Too Big Without You (Regatta de Blanc – 1979)

Driven to Tears (new song)

Message in a Bottle (Regatta de Blanc – 1979)

Roxanne (Outlandos d’Amour – 1978)

Can't Stand Losing You (Outlandos d’Amour – 1978)

Reggatta de Blanc (Regatta de Blanc – 1979)

Next to You (Outlandos d’Amour – 1978)